Elections législatives. Les bons, les mauvais et les cancres
Une chose est certaine, quand il s'agit des causes nationales, tous les partis sont solidaires

Les élections se sont bien passées, c’est un acquis. Toutefois, il faut évaluer le travail de chaque responsable et essayer de voir s’il a mieux fait qu’aux élections précédentes. Et là il y a de grands gagnants et de grands perdants, et puis de petits gagnants et de petits perdants.

Le plus grand gagnant est le RNI qui a amélioré sa présence de 65 sièges. C’est la plus forte performance. Il avait 37 députés, il en a désormais 102. Aziz Akhannouch peut être fier et estimer qu'il a gagné sa légitimité.

A l’extrême opposé, se cache le PJD qui de 125 sièges est passé à 13, perdant ainsi 112 députés. Ce n’est pas une régression, c’est une entité en voie de disparition. Jamais parti n’a été aussi réduit. Là on ne sait qui blâmer en vérité, tellement les voies étaient nombreuses et discordantes qu’on n’arrivait plus à suivre. Mais bon, puisque Saddedine El Othmani était aux commandes, c’est lui qui va porter la croix.

Le Parti de l’Istiqlal a réalisé un vrai bon, doublant presque ses performances. De 46, il est passé à 81 sièges. Nizar Baraka peut justifier sa légitimité par une si belle victoire.

Abdelatif Ouahbi, pour le PAM, ne peut pas en faire autant. Il a hérité d’un parti à 102 députés et l’a réduit à 87, cédant 15 sièges. Ce n’est pas rien. Si le parti avait su garder sa position, il serait peut-être premier et Ouahbi aurait été désigné pour diriger le gouvernement. Maintenant, tout ce qu’il peut obtenir, c’est un poste de ministre même s’il a déclaré qu’il ne serait jamais ministre dans un gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch.

Parmi les petits gagnants, le PPS a augmenté son nombre de sièges. De 12, il est passé à 22. Relativement, c’est une avancée même si elle porte sur un petit nombre de députés. Les contradicteurs de Nabil Benabdellah, au sein du parti, devront trouver des arguments pour contourner celui de la performance électorale.

L’USFP a lui aussi bien progressé, passait de 20 à 34 sièges, sous la conduite de Driss Lachgar. Mais là aussi Lachgar peut se prévaloir de cette performance. S’il décide de laisser la place, il pourra toujours dire qu’il est parti la tête haute. Finalement, le parti a opté pour l’opposition. Ce qui est aussi une bonne décision, il est le seul capable de faire de l’ombre aux 13 membres du PJD qui savent crier et faire du bruit, même s'ils savent que désormais, leurs voix ne comptent plus.

Il reste l’UC et le MP. Le premier a perdu un siège (18 contre 19) et le deuxième en a gagné 1 (28 contre 27). Ces deux partis, avec l’USFP (80 sièges au total), peuvent être considérés comme une soupape de sécurité pour le chef du gouvernement. Il ne sera pas sous la pression de ses deux alliés si jamais il venait à l’idée de l’un ou de l’autre de quitter le gouvernement. Même si les deux voudraient créer des ennuis, Aziz Akhannouch pourra toujours obtenir une majorité. Moins confortable, mais majorité quand même.

Par conséquent, le chef du gouvernement pourra travailler à l’aise et traduire dans les faits ses promesses électorales, d'autant plus que, contrairement à un certain Abdelilah, il n'aura ni crocodiles ni fantômes à pourchasser. Les crocodiles, il les as déjà, en tant que maire d'Agadir et ils sont bien enfermés.