Pêche. Le Tribunal de l'UE est plus dur pour l'Espagne que pour le Maroc
Luis Planas avec Aziz Akhannouch, son ancien homologue devenu chef du gouvernement du Maroc

L’Espagne est déterminée à défendre l’accord de pêche entre le Maroc et l’Union européenne. C’est une priorité pour le pays qui souffre le plus de la décision du Tribunal de l'UE au sujet des accords agricole et de pêche signés avec le Maroc. C’est bien de se défendre, encore faut-il comprendre les intérêts du Maroc.

"L'accord de pêche est une priorité pour l'Espagne, en raison de son importance pour les pêcheurs de notre pays, notamment pour les flottes d'Andalousie, des îles Canaries et de Galice ». C’est le ministre espagnol de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation, Luis Planas, lui-même, qui a fait cette déclaration devant le Sénat de son pays.

On comprend bien que cela soit une priorité, une question de vie ou de mort même pour des milliers de pêcheurs. Des 138 licences accordées à l’Union européenne, l’Espagne en accapare 93.

Par conséquent, il est clair que la décision du Tribunal de l’UE portant sur les accords agricole et de pêche signés avec le Maroc pose plus de problèmes à l’Espagne qu’au Maroc. Mais doit-on s’en inquiéter ici? L’ancienne ministre des Affaires étrangères, qui avait accueilli, en catimini, le chef des mercenaires du Polisario dans son pays, le savait bien pourtant.

Elle était consciente que la facture de son acte, hostile au Maroc, allait être payée par les pêcheurs si jamais le Maroc décidait de tout arrêter. Heureusement qu’elle est partie et qu’elle doit expliquer à la Justice de son pays les raisons de ses décisions, qui portent préjudice à l’économie de l’Espagne et donc à sa paix sociale.

Nous en sommes loin maintenant et le nouveau chef de la diplomatie a les moyens et le temps pour rétablir les relations et explorer les voies de les développer davantage. Avec néanmoins, cette grande nouveauté, le Maroc ne compte plus que sur l’Union européenne pour le développement de son économie.

Il est donc moins stressé et peut attendre, le temps qu’il faut, ce que décideront les Européens. Rien ne presse donc. Le gouvernement espagnol peut réfléchir à tête reposée pour défendre « les intérêts des pêcheurs espagnols qui exercent leurs activités dans les zones de pêche marocaines », comme l’a promis le ministre.

« Aujourd'hui, nous œuvrons ensemble sur la base de la confiance pour prendre toutes les mesures nécessaires afin de défendre nos intérêts », dit-il, précisant que « la coopération positive de l'UE avec le Maroc... doit être maintenue d'un point de vue stratégique, car elle profite aux deux parties ». La grande question est justement la confiance. Et là il y a du boulot.

Maintenant, la grande question: Qui menace, en fin de compte, les pêcheurs espagnols? Le Maroc ou l'Union européenne? Nous ne sommes plus dans un conflit Maroc-UE, il est plutôt interne à l'UE.