Gaz d'Algérie. L'Europe n'aime pas les maîtres chanteurs
Le régime algérien, facteur inquiétant d'instabilité

« Vous me laissez marquer ou je reprends mon ballon! ». Dès l’enfance, on apprend à faire du chantage, mais on l’utilise souvent de manière inappropriée. Ce n’est qu’à l’âge adulte qu’on apprend qu’il n’est pas toujours utile ni productif de l’utiliser. La diplomatie algérienne semble ignorer qu’une arme en elle-même ne veut absolument rien dire. Elle n’existe que par rapport à celui qui l’utilise.

Le gaz, l’Algérie en a. C’est une ressource naturelle et l’humain n’y est pour rien dans sa formation. C’est une richesse pour celui qui sait en profiter. Mais là certains pays font mieux que d’autres. Il n’y a aucune comparaison entre les Emirats Arabes Unis et le Qatar d’une part et l’Algérie d’autre part. Les deux premiers ont transformé leurs pays et gagné une grande influence sur la scène politique mondiale, la troisième a dilapidé ses richesses, un peu comme l’héritier qui va dépenser tout son patrimoine au casino, dans les maisons closes et les courses de lévriers.

Si seulement l’affaire pouvait s’arrêter là. Non, l’Algérie va, en plus, faire du chantage à l’Europe et les Européens l’ont bien compris lorsque le pays des généraux a coupé l’approvisionnement de l’Espagne et du Portugal à travers le Maroc.

Mardi dernier, le portail d'information européen Eupoliticalreport, a bien traduit l’idée en affirmant que l'instrumentalisation cynique de l'approvisionnement en gaz par l'Algérie équivaut à un chantage énergétique à peine déguisé à l'égard de l'Europe, dans un contexte où l'hiver approche et où les prix du gaz augmentent fortement.

« Cette fermeture fragilisera les approvisionnements énergétiques de l’Europe, soumise au chantage de l’Algérie", s’est alarmé l’eurodéputé Marco Zanni qui a déclaré que « l'Europe ne doit pas accepter l'exploitation des ressources énergétiques comme une arme politique et de chantage ».

Dans le même sens, la sénatrice Urania Papatheu a écrit, dans une note, que cette décision injustifiée est grave et inadmissible. Elle souhaite que « l'Union européenne ne cède pas à ce chantage et qu'elle intervienne face à cet acte hostile ». Hostile! Il faut retenir ce terme.

Pour Attila Ara-Kovacs, un europarlementaire hongrois, la perturbation par l’Algérie du fonctionnement du gazoduc Maghreb-Europe est «une source d'inquiétude dans un contexte de forte hausse des prix de l’énergie». Selon lui, «l'approvisionnement en gaz de l'UE doit rester sûr et régulier, surtout à l'approche de l’hiver».

Allons plus loin dans l’analyse avec Pedro Canales, un ancien correspondant de médias espagnols au Maghreb: « Le régime algérien a commis deux erreurs stratégiques en l'espace de quelques mois : la première a été de rompre unilatéralement les relations diplomatiques avec le Maroc ; la seconde a été de fermer le gazoduc Maghreb/Europe, qui acheminait 6 milliards de mètres cubes de gaz de Hassi R'Mel vers l'Espagne via le Maroc ».

Donc, si on comprend bien, pour se venger du Maroc, accusé de commettre des actes hostiles contre elle, bien qu’on n’ait encore vu aucune preuve, l’Algérie coupe l’approvisionnement en gaz sachant que pendant l’hiver, l’Espagne et le Portugal en auront le plus besoin.

Or, cette décision est une sanction pour les pays européens et l’ancien eurodéputé français Aymeric Chauprade le dit bien: "La fermeture brutale par Alger du gazoduc Maghreb Europe n'est pas qu'une agression de plus à l'encontre du Maroc, c’est, juste avant l’hiver, un très mauvais coup porté à l'Espagne et à l’Europe ».

Et c’est là que la fermeture du gazoduc se retourne contre Alger. « Par cette fuite en avant, Alger prouve qu'il n'est pas un partenaire énergétique fiable pour l'Europe et qu'il est un facteur d'instabilité pour le Maghreb et la Méditerranée » estime A. Chauprade qui ajoute que « l’UE doit plus que jamais consolider son partenariat avec le Maroc ».

Bref, l’Europe n’est pas à l’aise dans ses relations avec Alger et veut se montrer ferme. «Les livraisons d'énergie ne doivent pas être manipulées à des fins politiques», résume l’eurodéputé bulgare et vice-président du Parti de l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe, Ilhan Kyuchyuk.

Evidemment, quand on a un partenaire instable qui décide selon ses sautes d’humeur, on est un peu inquiet, comme l’a exprimé le président de la Confédération italienne des fédérations autonomes CIFA Italia, Andrea Cafà: « J'exprime une grande inquiétude face à ce qui se passe actuellement entre l'Algérie, le Maroc et l'Espagne concernant le choix unilatéral algérien ». Le terme unilatéral n’a pas été utilisé pour rien. Cela veut dire qu’Alger agit sans tenir compte de la situation de ses partenaires.

Cela dit, tout ce que l’Algérie possède, elle veut l’utiliser contre le Maroc et pour son protégé le Polisario qui revendique le Sahara où il rêve d’établir une république. Toute sa politique étrangère se résume à cela. Ce qui est intéressant à remarquer c’est que personne n’aime céder au chantage.

Le petit garçon, propriétaire du ballon, s’est rendu compte que tous ses amis en ont un chacun.

En fin, puisque nous sommes en plein dans la COP26, avoir les gaz peut avoir un effet indésirable sur l'air qu'on respire.