Investissements. Gouvernement et CGEM veulent inverser la tendance
Casablanca : Session de travail entre M. Chakib Alj et M. Mohcine Jazouli

Le gouvernement se dit résolu à stimuler l’investissement privé national, en inversant la répartition actuelle, déséquilibrée, entre l’investissement public et privé. La CGEM est d’accord, mais…

L’Objectif que vient d’annoncer le gouvernement, par la voix du ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques, Mohcine Jazouli, est d’atteindre 2/3 d’investissement privé et 1/3 d’investissement public à horizon 2035.

Le ministre a donné ces chiffres lors d’une session de travail qu’il vient de tenir, en format hybride depuis le siège de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), avec des représentants de cette confédération. Le patron des patrons, Chakib Alj ne voit pas d’un mauvais œil cette perspective. Pragmatique, il a juste insisté, encore une fois, sur le cadre favorable devant être mettre en place, comme l’a préconisé la confédération patronale dans son Livre blanc. Publié Cet ouvrage souligne l’accroissement possible, mais conditionné, de l’investissement privé national et international, avec comme ambition d’atteindre une part de 65% en matière d’investissement privé à horizon 2035, contre 35% actuellement.

En attendant, selon le ministre Jazouli, l’investissement au Maroc affiche, depuis plus de 10 ans, l’un des taux d’investissement les plus élevés au monde, qui se situe à environ 30% du PIB.

Dépassant la moyenne mondiale qui est de l’ordre de 20%, ce taux est en croissance constante depuis 2010, avec un accroissement annuel de 3%, ajoute Mohcine Jazouli. Ce dernier a, toutefois, relevé un manque d’efficience qui s’explique principalement par une prépondérance de l’investissement public qui représente 2/3 des investissements alors qu’il représente la plupart du temps moins de 15% ailleurs.

Ce constat s’explique aussi par la tendance de l’investissement privé qui n’est pas assez orienté vers les secteurs créateurs d’emploi et de valeur ajoutée, a précisé Jazouli lors de sa première rencontre avec le patronat en sa qualité de du ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques.


A travers le dialogue ainsi ouvert avec les représentants des patrons, le département de l’investissement compte élaborer « une feuille de route conjointe dans l’objectif de redynamiser l’investissement privé, réussir le challenge de la relance économique et enfin, ériger le Maroc comme une destination phare pour les investissements nationaux et internationaux ».

Investissement public record en 2022

Lors de sa rencontre avec les représentants de la CGEM, le ministre a souligné le niveau record de l’investissement public prévu par le Projet de Loi de Finances 2022. Son volume se situe à 245 milliards de dirhams avec comme principal objectif escompté, la relance de la dynamique économique pour la création d’un effet d’entraînement pour le secteur privé national.

« beaucoup d’indices indiquent que nous avons devant nous une séquence propice, un Momentum, pour réussir ce défi », a affirmé Mohcine Jazouli. Pour le ministre, la reconfiguration des chaînes de valeur mondiales ouvrent au Maroc de nombreuses opportunités pour accueillir, aux portes du marché européen, des activités autrefois géographiquement éloignées.

« L’entrée en vigueur de la Taxe Carbone de l’Union européenne peut potentiellement présenter un levier de compétitivité important pour les entreprises installées au Maroc », a poursuivi le ministre, notant que le recours accru aux technologies digitales et la transformation numérique des acteurs économiques offrent également au Maroc la possibilité de lever les barrières logistiques et les contraintes géographiques.

Un Livre blanc pour effacer des points noirs

Face au ministre Jazouli, Chakib Alj a surtout mis l’accent sur le contenu du Livre blanc élaboré par la CGEM dans le cadre de sa contribution à l’opérationnalisation du volet économique du Nouveau modèle de développement (NMD).

Présenté il y a à peine trois semaines, cet ouvrage fait ressortir des mesures concrètes pour instaurer un environnement des affaires plus compétitif et propose des recommandations autour de 3 grandes thématiques, à savoir l’accès au financement, le coût des facteurs de production et la simplification des procédures.

Pour ce qui est de la réduction du coût des facteurs de production, qui constitue un enjeu de taille pour le Maroc en tant que destination d’investissement, la CGEM propose d’intervenir sur la révision du prix de l’énergie, la facilitation de l’accès à un foncier de qualité et compétitif et la mise en place de nouvelles incitations fiscales.

Sur le plan de la simplification des procédures, la CGEM préconise de faciliter l’accès aux marchés publics, notamment aux TPME, via l’élimination de certains critères d’attribution discriminants et omniprésents dans les appels d’offres publics, l’accélération de l’introduction des amendements à la loi sur les délais de paiement et la simplification et la digitalisation du parcours administratif de l’investisseur.