Fès parking. La confrontation
Manifestations contre Fès Parking

Sur les réseaux sociaux, le mouvement de protestation contre la nouvelle Société de Développement Local (SDL), Fès-Parking est de retour suite à la dernière réunion du Conseil Communal.



Après quelques mois d’accalmie, le torchon brûle à nouveau entre les habitants de Fès et les responsables de Fès-parking. Le projet ne fait pas l’unanimité dans la capitale spirituelle depuis son lancement en novembre 2020. Il avait d'ailleurs été suspendu après les polémiques sur les tarifs de stationnement et le mode de gestion. Avec la nomination du nouveau Conseil communal, le dossier refait surface et cela ne plait guère aux citoyens. «C’est un projet qui a été décidé par l’ancienne équipe communale. Et le nouveau Conseil est contraint de statuer à ce niveau. Il fait face à deux choix : accepter le projet et imposer sa vision à la société ou le refuser et donc payer des pénalités » explique Halima Ezzoumi, élue au sein du Conseil communal de Fès. Le nouveau maire de la ville, Abdeslam Bekkali, lui, se veut rassurant : «le conseil n’a pas encore voté pour le projet ». Pour lui, il y a eu confusion : «Lors de la dernière réunion, beaucoup ont compris que nous avions voté pour ledit projet, alors qu’il a seulement été question de désigner un représentant de la commune au sein du conseil d’administration de la SDL. Rien de plus » insiste t-il.

Un projet qui divise

Justement, dès la tenue de cette session, la polémique a enflé sur les réseaux sociaux. Le mouvement de protestation, « boycott Fès Parking » qui compte à ce jour plus de 45.000 adhérents a haussé le ton. «Pas question de laisser passer ce projet. Les fassis n’ont pas besoin d’une société de gestion de parking. Nous estimons qu’il y a d’autres priorités concernant la ville. Fès fait face à différents problèmes au niveau du marché de gros, de la gare routière, des bus...et la commune devrait plutôt se focaliser sur ces dossiers» déclare Oussama Oufrid, l’un des initiateurs du mouvement.

Si les gens ont dit non au projet en novembre dernier, c’est pour différentes raisons. Censée régler la question du stationnement dans la ville, cette solution présenterait plusieurs contraintes et failles légales à en croire les opposants. A commencer par la tarification. « La société des automobilistes affiche un montant de 20 dirhams pour un stationnement à la journée et 2 dirhams pour une heure, avec inscription préalable sur l’application ou le site ainsi "qu' un paiement à la minute”. En cas d'infraction, l’automobiliste est amené à régulariser sa situation 48 heures après l'établissement du PV, à défaut, le montant de la pénalité est multiplié par 50 pour chaque heure de stationnement » détaille Oufrid. Les militants pointent aussi du doigt l’obligation de soumettre à une entreprise privée des données personnelles.

Le maire de Fès rassure

Pour le maire de Fès, cette colère est justifiée. «L’ancien conseil a mal géré ce dossier. La communication autour du projet n’a pas été à la hauteur et le projet a mal démarré. La société s’est focalisée sur la digitalisation du service et n’allait pas prendre en charge les gardiens... », reconnait-il. Il précise que lors du prochain conseil administratif de la SDL détenue à 51% par la commune et à 49% par les actionnaires, les pendules seront remises à l’heure. «Nous allons rectifier le tir et exiger une révision des prix, le maintien de l’emploi des gardiens actuellement actifs qui seront déclarés à la CNSS. Le ciblage d’axes sera limité en commençant par les grandes artères, notamment au niveau du centre ville... » promet t-il. Concernant la digitalisation, le maire assure qu’elle sera partielle. Un paiement classique sera proposé en parallèlle. Autre exigence et non des moindres : «La société sera tenue de respecter ses engagements en matière d’investissement au cours des 10 premiers mois d'exercice. Et nous serons fermes là-dessus » insiste-t-il. Ces engagements semblent répondre aux attentes de certains, dont Halima Ezzoumi, qui était jusque là opposée au projet. «Si j’étais contre, c’est parce qu’on ne disposait pas des informations nécessaires. L’idée était qu’une société allait exercer pendant 25 ans suivant des conditions qui allaient porter un coup au pouvoir d’achat des individus. J’ai donc adhéré au mouvement de boycott. Là, en tant qu’élue, j’ai une vision plus claire du projet et ça ne me dérange pas de reconnaitre mon erreur du moment que le projet est dans l’intérêt de la ville et ses habitants» estime t-elle avant d’ajouter que «le nouveau maire a entamé les négociations avec la société pour que la tarification soit raisonnable.

Finalement, ce projet pourra résoudre les problèmes du stationnement vu les investissements prévus et va surtout contribuer au développement des ressources de la commune ». Un diagnostic réalisé par les autorités locales sur l’état des parkings de la ville, montre que seuls 10% d'entre eux sont sous contrat avec la commune. Le reste est exploité de manière illégale. 90% de ces contrats sont concentrés dans l’arrondissement de l’Agdal. La commune souligne à ce sujet qu’elle n’a reçu aucune recette depuis près de trois ans. Selon Abdeslam Bekkali, le cahier des charges relatif à la prestation de la SDL prévoit un investissement de 74 MDH pour la construction d’un parking de deux étages en sous-sol au niveau de la place de Florence, au centre-ville, avec une capacité de 500 voitures et une redevance de 6MDH qui sera encaissée annuellement par la commune.