Fermeture des frontières: Coup dur pour le tourisme.
Une décision aux conséquences lourdes.

Les professionnels du tourisme tablaient sur un rebond de l’activité en cette fin d’année. La fermeture des frontières balaie tout espoir de reprise.



Alors qu’ils se préparaient d’arrache-pied pour les fêtes, la décision de suspendre tous les vols à destination du Maroc durant deux semaines, est tombée comme un couperet sur les professionnels du tourisme marocains. «C’est un coup dur pour le secteur qui peine déjà à sortir la tête de l’eau », résume un membre de la Confédération Nationale du Tourisme qui requiert l’anonymat. Pour lui, l’impact d’une telle décision sera considérable. «Les suspensions de vols ont été prévues les unes après les autres jusqu’à fermeture totale des frontières. Non seulement la relance sera encore retardée mais les professionnels vont subir des pertes colossales» alerte le professionnel qui déplore aussi le caractère inopiné de ce genre de décisions qui mettent en péril la relation de confiance avec les partenaires étrangers, notamment les tour-opérateurs.

Des pertes énormes

Au cours du troisième trimestre 2021, les recettes du tourisme se sont élevées à 15,9 milliards de Dirhams, en hausse de 202% en glissement annuel, un niveau qui reste cependant inférieur à celui observé en 2019 (-40,2%). «En dépit de ces performances, les professionnels se retrouvent aujourd’hui confrontés à une situation délicate. «C’est toute la saison d’hiver qui risque d’être compromise », souligne le représentant de la CNT. Au niveau mondial, l’OMT prévoit des pertes de 2.000 milliards de dollars cette année du fait des restrictions liées à la pandémie. La propagation d'Omicron rend la situation "totalement imprévisible" et pourrait à nouveau provoquer d'énormes dégâts", estime son Secrétaire Général, Zurab Pololikashvili.

Cri de détresse

Selon le Président de l’Association Régionale des Agences de Voyage de Casablanca-Settat (ARAVCS), Khalid Benazzouz, les agences de voyage ont dû faire face à un nombre important d’annulations suite à la suspension des vols. La chute dépasse les 80%, d’après ses estimations. «Nous étions plutôt optimistes pour une relance d’activité en cette période. Aujourd’hui, nous n’avons plus de visibilité » regrette t-il avant d’ajouter «On comprend parfaitement l’enjeu. Mais, ces mesures doivent s'accompagner d’autres pour soutenir les entreprises touristiques et les agences de voyages qui ont du mal à s’en sortir depuis deux ans ». Même son de cloche du représentant de la CNT. Pour lui, «le Maroc est le premier à fermer les frontières, mais il tarde à prendre les mesures de soutien nécessaires ».

Au-delà de la reconduction de l’indemnité forfaitaire (suspendue en juin 2021) qui fait l’objet de discussions avec la Ministre du tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale, Fatim-Zahra Ammor, les professionnels veulent que l’exécutif opte pour des solutions pérennes. Benazzouz propose ainsi de mettre en place un plan Marshall de soutien avec des mesures concrètes à l’instar d’une amnistie fiscale pour les acteurs du secteur, un report des échéances bancaires... «Nous sommes harcelés par les banques pour nos impayés. Et nous faisons face à une situation critique avec une trésorerie à sec, des charges fixes qui s’accumulent, des impôts et redevances à honorer... Aucun effort n’a été fait dans ce sens. Et si la situation perdure, nous allons finir par jeter l’éponge» prévient-il.