Tebboun. Comment jeter 400 millions de dollars
Tebboun chez le président tunisien Kaïs Saed. L’ambiance n’est pas tout à fait joyeuse

L’Algérie est un pays riche. Sur le papier seulement parce que vu sa situation économique, on a tendance à le voir plus du côté des pays les moins avancés (PMA). Et pourtant le pouvoir militaire veut montrer qu’il est un champion en matière d’aides internationales.

Le pouvoir militaire qui dirige le pays depuis les années soixante, avec toutes les luttes de clans au sein de l’armée, a raté les immenses opportunités de développement dont dispose le pays grâce aux ressources pétrolières et gazières dont il dispose. Il a raté aussi son positionnement à l’international au point qu’il paraît aujourd’hui isolé sur tous les plans. Au niveau du monde arabe il vient d’être désavoué par le sommet des pays de coopération du Golfe qui a clairement exprimé son soutien au Maroc et à son intégrité territoriale. Au niveau africain, sa présence est de plus en plus évanescente depuis le retour du Maroc à l’UA et au niveau international, on ne lui connaît aucun fait important, aucune action diplomatique notable.

Du côté de l’Europe, les Algériens ont beau manœuvrer par Polisario interposé contre les relations UE-Maroc, mais comme on l’a vu, tous ces efforts ont été vains, beaucoup d’argent investi pour rien. La dernière nouvelle est venue du nouveau gouvernement d’Allemagne qui a fait une déclaration amicale envers le Maroc, mettant fin au souhait des militaires de voir l’Allemagne se positionner contre le voisin de l’ouest.

Pendant ce temps-là, la diplomatie marocaine multiplie les actions aux quatre coins du monde et s’impose par sa constance et sa persévérance. La dernière résolution du Conseil de sécurité en fait foi. Une déclaration décriée par deux entités seulement, le Polisario et l’Algérie. Ce qui n’a étonné personne. La routine.

Alors comment un pouvoir avec autant d’échecs peut-il encore montrer qu’il existe et qu’il a du répondant? Jouer sur l’éternelle fibre palestinienne en priant Mahmoud Abbas de faire un petit tour à Alger. Prière appuyée par un chèque de 100 millions de dollars. Le vœu inavoué du régime était d’entendre le président de l’autorité palestinienne dire quelques mots gentils en faveur du Polisario. Comme le coup n’a pas pris du côté palestinien, il a fallu voir du côté du voisin de l’est.

Là aussi le régime algérien a déployé le seul argument dont il dispose, l’argent. Un prêt de 300 millions de dollars. Et le président Tebboun s’est déplacé en personne à Tunis, pour rencontrer son frère Kaïs Saed et promettre à la Tunisie un avenir meilleur grâce à une coopération plus poussée avec l’Algérie. Jusque là le président ne s’est déplacé qu’en Allemagne et c’était pour se soigner. Alors, la Tunisie ne peut-elle pas soutenir l’Algérie contre le Maroc? Il a fallu attendre la fin de la visite et la conférence de presse conjointe pour entendre le responsable algérien citer tous les sujets que Tunisiens et Algériens ont traité. Il y avait de tout, le Sahel, la Libye et plein d’autres sujets mais pas le Sahara. On sait qu’ils en ont discuté, c’est le seul sujet diplomatique des Algériens, mais ce qui est important c’est que Tebboun n’en a pas parlé à la conférence de presse. On en déduit que le président tunisien ne voulait pas le citer.

D’ailleurs Tebboun ne semblait pas tout à fait satisfait de sa visite, cela se voyait dans son attitude, et on comprend pourquoi. La Tunisie qui était membre du Conseil de sécurité s’était abstenue lors du vote de la résolution favorable au Maroc. L’Algérie voulait un Non franc, elle ne l’a pas eu. C’était certainement un point à discuter lors de cette visite.

La question importante est la suivante: en accordant ce prêt à la Tunisie, le régime algérien a-t-il gagné la sympathie des Algériens? On peut en douter parce que des voix algériennes se sont élevées contre ce geste. Comme l’opposant Hicham Aboud par exemple qui estime que le niveau de vie en Tunisie est de loin supérieur à celui de l’Algérie. Par ailleurs il assure que ni le président de l’autorité palestinienne ni celui de Tunisie ne feront jamais une déclaration soutenant expressément l’Algérie contre le Maroc.