Produits cosmétiques Bio. Comment booster l'export?
A la recherche d’une place sur le marché international.

Coûts de production élevés, absence de réglementation adéquate, labels, concurrence déloyale… les opérateurs marocains des produits cosmétiques Bio ont du mal à trouver leur place sur le marché international.



« Le marché mondial du cosmétique a représenté 341 milliards de Dollars et il est amené à passer à plus de 480 milliards en 2030, soit une croissance de plus de 5% », déclare Charles Mordret, expert international dans le domaine des ingrédients naturels lors d’un webinaire organisé par l’ASMEX et La FAMIbio, sous le thème « Opportunités d'exportation mondiales des produits cosmétiques & des produits biologiques ». Mordret ajoute que l’avènement de nouveaux segments tels que les ingrédients à base de plantes, les produits anti-âges ou encore les soins de beauté pour hommes ont révolutionné l’offre et la demande sur ces produits, aidés en cela par le développement du e-commerce. « La vente sur internet constitue aujourd’hui 34% des ventes globales », tien à préciser l’expert.

Un potentiel sous-exploité

Selon les intervenants, le Maroc ne profite pas pleinement de ce potentiel, pourtant le pays s’impose comme un des principaux producteurs des matières premières et des plantes servant de base aux produits cosmétiques bio comme l’Argan, les figues de barbarie, les roses ou encore quelques fruits et légumes spécifiques...C’est au niveau de la transformation de ces matières premières et la création de la valeur ajoutée que réside la difficulté. «L’industrie de la cosmétique bio au Maroc est quasi-inexistante. Pourtant, la demande est là. Il faut trouver un moyen de structurer les acquis pour aller vers un marché exportateur. Cela commence par l’adoption d’une réglementation stricte mais claire et par une administration de tutelle adéquate. Le secteur dépend aujourd’hui de la même tutelle que le médicament et la pharmacie ! », fait remarquer, Slim Kebbaj, président de FAMIbio.

L’ADA se mobilise

Pour permettre aux entreprises marocaines du secteur de tirer profit de la croissance que connaît actuellement la cosmétique bio dans le monde, les professionnels notent qu’il est important que tous les intervenants publics et privés se mobilisent. Ismail Lachgar, Chef de Service de la promotion des produits du terroir à l’échelle internationale à l’Agence pour le développement agricole (ADA)a cité quelques actions entreprises par l’Agence pour accompagner les producteurs marocains afin que les produits soient conformes aux normes internationales en termes de qualité, de valorisation des produits et de sécurité sanitaire. Ces programmes ont pour objectifs : La création d’une marque collective pour les produits du terroir marocain « Terroir du Maroc » et l’enregistrement de ce label collectif auprès de l’OMPIC et l’OMPI, l’organisation de campagnes promotionnelles sur les lieux de vente de la GMS et les galeries commerciales pendant les périodes de forte consommation, l’organisation de campagnes de communication médiatique ciblées afin d’établir une image de marque et une forte notoriété des produits du terroir.

Des freins à lever

Néanmoins beaucoup d’autres freins persistent. En effet la transformation des produits cosmétiques 100% naturels est un processus complexe et parfois extrêmement coûteux, ce qui constitue un frein face aux petits producteurs locaux. L’autre hic vient de la concurrence déloyale et des barrières à l’entrée des marchés internationaux. AbderrahimTaibi, directeur général d’IMANOR confirme l’absence de réglementation suffisante pour promouvoir les produits cosmétiques bio marocains. « Nous nous sommes inspirés de standards internationaux pour doter le Maroc d’une labélisation locale et certifier les produits bios et les protéger contre la fraude et les déclarations frauduleuses à travers l’étiquetage notamment. Pour ce qui est de l’export, malheureusement, les produits marocains bien qu’ils soient conformes aux réglementations locales font parfois face à des obstacles imposés par les pays européens pour favoriser leurs propres produits (...) », détaille t-il. Nadia Boutdarine, présidente de la coopérative Yacout confirme ce constat. « Nous sommes sur le terrain depuis 2013 et certifiés ISO depuis 2016 et nous nous heurtons aux mêmes obstacles pour exporter, à savoir, nous diriger vers des administrations en relation avec l’agro-alimentaire, alors que nous sommes spécialisés dans le cosmétique », déplore t-elle.

Une labellisation complémentaire s’impose

Au terme de cette rencontre plusieurs pistes de solutions possibles ont été identifiées et les participants ont appelé à une mobilisation générale et un dialogue entre les opérateurs et les institutions telles que Imanor, l’ADA et le gouvernement pour rattraper le retard et surtout développer une offre exportable de cosmétique Bio. « Si nous voulons vendre du bio à l’échelle internationale, nous avons intérêt à mettre en place une labellisation complémentaire à celle qui existe déjà en Europe. Elle donnera une certaine légitimité aux produits marocains», conclut Slim Kebbaj