Scandales Kinder et Buitoni. Flagrant mépris des consommateurs africains
L'Afrique est la grande oubliée dans le scandale Kinder-Buitoni

Comme si la santé et la vie de 1,4 milliard d’individus qui vivent en Afrique ne valaient rien, les producteurs des Kinder et des pizzas Bouitoni, déclarés infectés, ne se sont pas encore donné la peine de leur parler.



Le consommateur est peut-être roi ailleurs, mais pas en Afrique. Ce continent est absent des alertes médiatiques et des communications officielles de crise concernant les chocolats Kinder de Ferrero et les pizzas surgelées Fraich'Up de Buitoni (Groupe Nestlé), objets des plus récents scandales alimentaires qui secouent actuellement l’Europe.

Pourtant, les chocolats déclarés infectés sont toujours sur les étalages presque partout en Afrique et 15 des 23 pays s’étant déjà fait livrer les Fraich'Up contaminées sont africains. En plus du Maroc, figurent sur cette liste qu’on doit au mécanisme d'alerte international sur les risques alimentaires «Rapid Alert System for Food and Feed» : le Sénégal, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Bénin, le Burkina Faso, le Congo Brazzaville, la RDC, Djibouti, le Gabon, la Guinée, Madagascar, le Mali, l’île Maurice et le Niger.

Jusqu’à présent, seuls quelques pays africains ont réagi après l’annonce de la découverte de la salmonelle dans Kinder Surprise 20g et 100g portant des dates de péremption comprises entre fin juin 2022 et fin octobre 2022, Kinder Schoko-Bons avec des dates de péremption comprises entre fin avril et fin août 2022, Kinder Mini Eggs avec des dates de péremption comprises entre fin avril et fin août et Kinder Happy Moments, Kinder Mix avec des dates de péremption à fin août 2022.

Au Maroc, l’Office nationale de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA) a décidé, le 4 avril, le retrait immédiat du circuit de commercialisation de tous ces lots au

niveau des importateurs et des enseignes de distribution. Le renforcer du contrôle à l'importation de tous les produits de la société Ferrero a été édicté afin

d’éviter l’introduction des lots de ces produits sur le marché marocain.

La même décision a été prise, deux jours plus tard, par l'Agence des normes et de la qualité (ANOR) du Cameroun.
En revanche, au Sénégal, les autorités locales de contrôle ont saisi, le 5 avril, 75 pièces de chocolat Kinder présentant la même identification que le lot contaminé et retiré sur le marché en Europe. Jusqu’à présent, aucune décision n’a été encore annoncée.

Pour ce qui est du lot de pizzas surgelées Fraîch’Up de de la marque Buitoni, qui fait également scandale en Europe, seul l’ONSSA a affirmé, dans une déclaration à nos confrères du «Le360» avoir saisi et détruit, le 28 mars 2022, un lot de cette marque de pizzas produites entre juin 2021 et 28 mars 2022. Dans les 14 autre pays africains ayant reçu ces pizzas, c’est silence radio.

Pendant ce temps, c’est le branle-bas de combat dans toute l’Europe, comme aux États-Unis et au Canada pour que la santé des consommateurs soit préservée, mais qui se soucie des Africains ?

Désormais, ces derniers doivent désacraliser les produits «Made in Europe» qui peuvent, eux aussi, nuisent à leur santé, même s’ils leur sont vendus au prix fort.

Contrairement à ce que laissent entendre certains communicants, Kinder et Bouitoni sont loin d'être des cas isolés. La preuve, les Fromageries de Normandie, du groupe Lactalis, viennent de rappeler 24.000 fromages. Bries, coulommiers, camembert et petits camemberts des marques Normanville, Bon Normand, Pâquerettes, Graindorge, Traditions de Normandie et Nous anti-gaspi sont concernés. En cause, «une source probable de contamination» de la bactérie responsable de la listériose. Ce rappel a poussé l'Agence nationale française de sécurité sanitaire de l’alimentation à publier, vendredi 8 avril, une mise en garde sur la consommation de fromages au lait cru.
Pour rappel, Lactalis était déjà, en 2017, au cœur de l’énorme scandale du lait infantile contaminé par de la salmonelle. Face à la grogne des parents des bébés-victimes et de leurs nombreux soutiens, le patron de cette multinationale française avait promis de les indemniser.

Cette question de l'indemnisation s'impose aujourd'hui concernant les nouvelles affaires Kinder et Buitoni. On peut alors se demander comment des consommateurs africains ayant été gravement infectés par les saletés contenues dans ces produits pourraient obtenir réparation.

Cette question semble ne se poser même pas puisque personne ne la pose. Comme si, là encore, la santé et la vie en Afrique valaient moins qu’ailleurs.