La Chikha qui a fait sortir les salafistes de leur tanière
Les chikhates, des artistes comme les autres

La société marocaine a connu, depuis très longtemps, les femmes artistes. On les appelle chikhates et on n’organise pas une fête sans elles. Elles chantent, dansent et animent toutes sortes de célébrations. Elles font partie du paysage artistique marocain. Mais les barbus semblent l’oublier. Il est temps de revoir notre éducation.

Dans la vie, elles sont des travailleuses acharnées et de parfaites entrepreneures. Elles font travailler une dizaine de personnes en moyenne faisant vivre 10 familles, sans parler des emplois indirects que leur activité génère. C’est une activité économique à part entière. On devrait lui donner sa place dans l’industrie culturelle. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas ce style d’art, là n’est pas la question.

Le problème surgit lorsque des puritains, salafistes inébranlables, sortent pour non seulement critiquer, ce qui aurait pu être tout à fait normal, mais jeter l’opprobre sur cette profession indissociable de la société marocaine. Leur cible la série Al Maktoub, où l'actrice Dounia Boutazout campe un rôle de Chikha. Ces redresseurs de torts associent le travail des chikhates à la prostitution, une injustice envers ces femmes qui bossent dur, répondent à une demande sociale bien réelle et font tourner une économie utile.

Peut-on rappeler à ces gardiens de la vertu que même les prêcheuses de leur clan se sont retrouvées dans des situation pire que la prostitution sur des plages ou des centres de vacances? La preuve que les mauvaises moeurs on peu les rencontrer là où on s’y attend le moins.

Créer tout un ramdam autour des chikhates est normal chez les salafistes. Ils n’ont aucun autre sujet que la Femme, ou plutôt le sexe. Parce que pour eux, la femme est, d’abord, un objet sexuel. Pire encore, elle ne doit pas élever la voix en présence des hommes. On en a vu la parfaite illustration sur une vidéo postée sur les réseaux sociaux, ou un commentateur arabe, fustige le réalisateur qui a montré des supportrices en train de célébrer leur équipe sur les gradins d’un stade. Il criait qu’il était en plein jeûne et donc ne devrait pas voir de femmes sur l’écran. Résultat d’une éducation religieuse machiste et méprisante envers les femmes.

Alors, quand un salafiste insulte les chikhates, on le comprend. Il n’y est pour rien, il est le résultat d’une éducation qui se poursuit encore aujourd’hui. On entend des enfants de 10 ans répéter ce que leurs parents leur ont appris, comme « Dieu, soyez témoin que je jeûne! » Chaque fois qu’ils voient une femme. Ainsi, ils sont censés éloigner la tentation et empêcher leur corps de réagir naturellement à l’excitation.

Nous avons donc un sérieux problème, et il n’est pas religieux. Il est psychologique, en relation avec l’éducation sexuelle. Comprenons-nous immédiatement. Cela ne veut pas dire uniquement la sexualité physique non. Il s’agit de toutes les relations entre sexes opposés.

Il faut que l'Etat prenne ses responsabilités parce que ce problème ne sera pas résolu uniquement par l'éducation. L'Etat doit veiller, par les biais de ses organismes sur tout ce qui est diffusé dans les médias, surtout les réseaux sociaux. Les salafistes n'hésitent pas faire des déclarations contraires à notre constitution mais personne je leur demande des comptes. Le respect de la constitution doit être la règle. La Justice est faite pour y veiller.