Chico. « Marrakech m’a beaucoup inspiré pour mon album Unidos »
Chico, un des fondateurs du groupe mythique « Gipsy Kings » et créateur du groupe Chico and the Gypsies.

Venu présenter à Marrakech son dernier album « Unidos », Chico, l’un des fondateurs du groupe mythique « Gipsy Kings » dont les chansons résonnent dans les quatre coins du monde depuis plus de quarante ans revient sur scène avec Hasna et son groupe « Chico & The Gypsies » pour animer trois concerts les 15, 16 et 17 juin au théâtre Meydene au profit des filles rurales.

Vous venez présenter votre nouvel album « Unidos » au Maroc. Pourquoi avoir choisi Marrakech pour ce lancement ?

On adore Marrakech, on a plein d’amis ici. C’est une ville très attachante et on s’y sent bien. D’ailleurs, elle nous a inspiré pour créer plusieurs chansons de l’album, sachant que le projet lui-même est né ici. Après avoir fait une soirée chez des amis avec Hasna, ça a été tellement magique et extraordinaire que je me suis dit : « pourquoi ne pas enregistrer une chanson en studio ? ». Finalement, on s’est retrouvé avec un album de 14 morceaux, tellement on était inspiré et le premier clip « Allez allez » qui vient de sortir a été tourné à Marrakech, dans le magnifique désert d’Agafay.

De plus, les gens de Marrakech sont bienveillants, gentils, accueillants, et je trouve que la ville a quelque chose de mystique, de très fort. D’ailleurs, je compte venir vivre à Marrakech, tout le monde est heureux ici, il y a une espèce de bonheur qui flotte qu’on ne trouve pas ailleurs. C’est une des vitrines extraordinaires du Maroc et ce n’est pas par hasard qu’il y a des milliers de personnes qui la visitent et que plusieurs stars s’y installent.


Quelles sont les thématiques principales de l’album ?

On a repris trois titres dont le célèbre morceau « Talat Daqat » de l’égyptien Abou et « la Mama » de mon ami Charles Aznavour, c’est une façon de lui faire un clin d’œil et de rendre hommage à toutes les femmes marocaines. On a aussi créé 11 titres originaux, Hasna a écrit toute sa partie marocaine et nous, notre partie espagnole et Gipsy. C’est un album qui parle de cette union de deux cultures : l’Orient et l’Occident et dans les chansons, on trouve des messages de la vie de tous les jours et je trouve que Hasna a bien réussi à retranscrire cela, tout comme nous, à notre manière. C’est un dialogue qu’on a eu avec un langage différent mais avec le même cœur et je suis très fier du résultat.

Lorsque j’ai écouté le morceau « Talat Daqat » d’Abou pour la première fois, je l’ai adoré et je me suis dit que ça serait sympa de le reprendre à notre manière. On l’avait déjà chanté et les échos était très positifs, je voulais donc l’inclure dans l’album et je me suis rapproché de Abou et ses producteurs pour leur demander la permission et sa réaction m’a beaucoup touché lorsqu’il m’a confié qu’il était un fan de moi et de notre musique et que : « c’est un honneur pour lui qu’on reprenne sa chanson ». J’ai eu la chance de le rencontrer pendant la soirée musicale d’une émission de France 2 à Marrakech, c’est un grand artiste, sa chanson est fabuleuse et son clip est merveilleux. Pourquoi avoir choisi Hasna pour cet album ?

Je ne l’a pas choisi, je crois que le bon Dieu nous a mis ensemble, c’était notre destin, le « Mektoub ». Je ne crois pas qu’on aurait pu faire cet album avec quelqu’un d’autre parce qu’il y a une vraie amitié entre eux, on se connait depuis très longtemps. J’aime tout ce qu’elle dégage, sa féminité, son amour pour le Maroc, sa façon d’être, elle a une aura, quelque chose de très fort qu’on sent dans sa manière d’interpréter. Elle a une force douce qui vous réveille les sens et je trouve qu’elle est le Charles Aznavour de l’Orient, ses paroles parlent de ce que nous vivons tous les jours, de la vie tout simplement et c’était aussi la devise de mon ami Charles Aznavour chantait, il y avait du vécu dans ses chansons et ce n’est par hasard si elles ont duré et traversé des générations. Et Hasna me fait penser à lui.

Aznavour me manque énormément, il habitait à côté de chez moi, on se connaissait depuis 30 ans, on dinait deux ou trois fois par semaine. Il avait une maison dans le sud et j’ai beaucoup voyagé avec lui, on n’était pas préparé qu’il parte, il avait 94 ans, mais à l’entendre parler, il avait encore des projets pour 20 ans ! Je trouve qu’il est parti bêtement.

Chico et Hasna.


Qu’est-ce que Charles Aznavour vous a appris ?

L’humilité, que j’avais déjà de mes parents. Cet homme était d’une humilité incroyable, j’ai eu l’immense chance de faire un duo avec lui, j’ai fait un album regroupant une partie de ses grands titres intitulé « Chico & the Gypsies chante Aznavour », et c’est lui qui m’a guidé et donné les chansons que je devais chanter en espagnol. Il me disait : « cette chanson vous irait bien, regarde les paroles », et comme il les avait déjà chantées en espagnol en Amérique du sud, c’est lui a qui m’a emmené cet album. Vous allez donner une partie des recettes de vos concerts à l’association Riad Zitoune. Pourquoi ce choix ?

Je l’ai choisi parce que je connais l’association et ses dirigeants et je connais bien le travail qu’ils accomplissent pour aider les filles rurales en situation précaire. Cela fait des années que je suis son évolution et nous partageons les mêmes valeurs. Notre premier concert au Selman en 2016 a cassé la barraque, depuis, on est resté en contact et je trouve que ça vaut le coup de les aider à nouveau.

C’est un peu votre côté engagé ?

C’est mon côté personnel surtout, parce que je suis comme ça. Chaque jour, je remercie le seigneur et j’essaie de redonner une partie de ce qu’il m’a donné à ceux qui en ont besoin.

Le fait d’aider ces jeunes filles, ça vous tient à cœur, parce que probablement, vous n’avez pas vous-mêmes fait d’études ?

Oui. J’étais pendant 25 ans ambassadeur de la paix pour l’UNESCO donc, ça rentre complètement dans mes engagements, j’ai soutenu des femmes en détresse, je l’ai fait avec le Dalai Lama, avec l’Abbé Pierre, je me suis retrouvé avec des personnages dont je ne rêvais même pas de rencontrer. C’est comme si on m’avait donné un flambeau et j’essaie d’éclairer avec. Vous avez également sorti un album avec Rosendo intitulé « Gipsy Guitar ». De quoi s’agit-il ?

C’est un album solo avec le guitariste Rosendo qui est sorti il y a 8 mois et qui comporte 12 titres originaux. C’est un opus qui a à la fois ses racines dans la musique Gipsy qu’on adore, et en même temps, un côté très contemporain, un peu Lounge, très frais, et résolument urbain.

Pourquoi cette passion pour la musique Gitane ?

Je suis né à Arles et j’ai grandi avec des gitans qui m’ont apporté énormément de choses. Vous savez, j’ai un destin particulier, moi qui suis issu d’une famille d’immigrés, -mon père était maçon-, je me suis retrouvé avec les plus grands de la planète, j’ai créé les Gipsy Kings avec des musiciens talentueux. Moi, qui suis le petit marocain, je symbolise aujourd’hui cette musique et une partie de cette culture. Il y a des gitans qui m’arrêtent dans la rue en France ou ailleurs et me disent : « merci pour le bien que tu nous fais ». Je trouve que c’est une très belle récompense !

La musique gitane est une grande partie de ma vie, c’est tout ce qui m’a apporté ce bonheur, que je partage avec le public, c’est toute cette belle énergie qu’on donne et qu’on partage avec nos fans, c’est quelque chose d’exceptionnel.

Le groupe Chico & The Gypsies vient de lancer Unidos à Marrakech.


Quel souvenir gardez-vous de votre collaboration avec Billy Paul ?

Quelle belle rencontre surtout que j’ai grandi avec la musique de ses chansons. Je me rappelle à l’époque, je préparais un album de duos internationaux, j’étais invité chez mon ami Patrick Sébastien et pendant la répétition, je vois Billy Paul, je ne croyais pas mes yeux. J’ai dit à Patrick si ça ne l’intéresserait pas de faire un duo avec moi et il m’a répondu que « ça allait être très compliqué ». Je me suis quand même rendu à la loge de Billy Paul, je me suis présenté en lui disant que j’étais « un grand fan de sa musique et que je rêverais de faire un duo avec lui » et j’étais loin d’imaginer sa réponse lorsqu’il me révéla qu’: « A New York, on vous écoute ma femme Blanche et moi ». Il m’a dit de lui faire une proposition, je suis rentré en studio, j’ai fait une maquette à partir de sa chanson « Me and Mrs Jones » qu’il a adoré. On a sorti l’album, il est venu en France, on a tourné un clip, il est même venu faire la promo avec nous à la télé et dans les radios. Lui, qui a cette chanson qui a fait le tour de la planète et qui a été reprise dans le monde entier, c’est la première fois qu’il faisait un duo avec, et c’était avec nous. C’est pour moi un signe du destin, la baraka comme on dit ! Quel genre de musique vous aimez écouter ?

En musique, je suis très ouvert et c’est ce côté que j’ai amené qui a fait que le Gipsy Kings se sont ouverts sur le monde. Les Reyes étaient beaucoup dans le Flamenco, alors que moi, j’ai ramené ce côté énergie du rock, un peu contemporain. Mon frère aîné m’a fait découvrir beaucoup de chansons quand on était jeune : le Blues, le Rhythm and Blues, la Salsa, la musique classique, ... et c’est ce qui m’a servi par la suite. J’ai toujours aimé la musique gitane et je trouve génial que ma musique m’ait permis de rencontrer des stars que j’écoutais chez moi ! Et c’est ce mélange des styles qui a fait la réussite des Gipsy Kings.

Des duos que vous rêvez de faire ?

J’aimerais faire des duos avec Tina Turner, Mick Jagger, ... il faut rêver l’impossible pour que peut être ça se fasse. Qui aurait cru qu’un jour, je ferais un duo avec l’immense Billy Paul ? Billy Paul avec des Gitans, vous vous rendez compte ? lui qui en plein promo, disait aux gens : « j’ai l’impression d’être en vacances, je me sens jeune comme eux ».

J’adore Tina Turner et Mick Jagger, ce sont des gens avec qui j’ai grandi, j’adore leurs chansons, j’ai beaucoup d’estime pour les personnages, ce sont des légendes tout comme Aretha Franklin que j’adore.

Des projets d’album ?

Le prochain album devrait sortir vers la rentrée et c’est une fusion entre la musique Gipsy et les rythmes de l’Amérique latine. J’adore la musique de ce continent, les rythmes, la chaleur, les interprètes, qua ça soit Cuba, Miami ou Porto Rico, ... J’ai eu la chance de jouer dans tous ces pays et c’est ce qui m’a inspiré et continue de m’inspirer pour mes chansons. Je crois qu’on peut faire un album par mois (Rires). Quelle belle richesse !