L’AFP fait dire à Arancha González Laya ce qu’elle n’a pas dit pour titiller le Maroc
Arancha González Laya

En lisant, de bout en bout dans sa version originelle, l’interview accordée par Arancha González à El Periódico de España, on se rend bien compte que l’AFP s’est limitée à traduire une déclaration imaginaire attribuée en titre à l’ancienne chef de la diplomatie espagnole en fermant les yeux sur ses déclarations directes contenues dans le texte de l’interview.

Le long de son interview publiée, ce mardi 7 juin par El Periódico de España, Arancha González, ex diplomate certes aujourd’hui aigrie mais tout aussi aguerrie, a su échapper aux questions pernicieuses lui ayant été posée par son interviewer.

En rappelant que l’ex chef de la diplomatie espagnole a été «sacrifiée lors du remodelage du gouvernement en juillet dernier pour tenter d'apaiser le Maroc», le journaliste tente de tirer quelques propos d’Arancha González Laya sur l’affaire Pegasus ayant éclaté en Espagne en insistant pour mouiller le Maroc, mais l’interviewée a botté en touche. Sur le même ton, elle envoie, une nouvelle fois, balader son interrogateur lorsqu’il lui avait demandé si elle avait remis son téléphone entre les mains des autorités compétentes au sein du Gouvernement espagnol et si elle pensait que son portable aurait pu être attaqué : «Je préférerais que vous posez toutes ces questions à la bonne personne, qui n'est pas moi». Elle ajoute sèchement, pour être encore plus claire : «Je veux être, je le répète, extrêmement scrupuleuses avec les règles du jeu, surtout dans une affaire comme celle-ci, qui est très grave».

On ne sait par quel raccourci, le questionneur, qui avait tout tenté, en vain, pour sortir des propos contre le Maroc de la bouche de l’ex ministre espagnole, a tout de même trouvé le moyen de lui attribuer en titre cette déclaration, introuvable dans le texte de l’interview : «Tout a servi dans la crise avec le Maroc : écoute, dénonciations et campagnes de presse». Et c’est cette déclaration inventée qu’a repris l’AFP qui semble partager avec l’interviewer d’El Periódico de España la même fixation sur le Maroc.