Carburants. Imparable flambée des prix  
Les prix des carburants atteignent des records partout dans le monde

Des pays du Golfe, pourtant, grands producteurs de pétrole, augmentent, eux aussi, les prix de vente des carburants à leurs propres populations. Ce fait rarissime montre que la crise du pétrole risque de réserver de nouvelles mauvaises surprises aux consommateurs du monde entier.

Que se passe-t-il ? Les consommateurs saoudiens, émiratis et koweitien ne se sont jamais autant soucier du prix de pétrole que ces derniers temps. Alors que leurs pays sont les plus grands producteurs de l’or noir, ils ont eux aussi le regard tourné vers les prix affichés sur les tableaux électroniques des stations-service.

En ce mois de juin, malgré son statut de premier exportateur mondial de pétrole, l’Arabie saoudite a dû augmenter les prix de vente des carburants sur son propre sol. Le litre d'essence d'octane 91 est vendu à 2,88 rial saoudien et l’essence d’octane 95 à 2,44 rial.
Une décision similaire a été prise aux Émirats arabes unis où le prix a été révisé récemment à la hausse pour la quatrième fois depuis le début de cette année. A titre indicatif, le prix de vente au public de l’essence Super (98) était vendu au public à 2,65 dirhams émiratis en janvier 2021 et il a atteint récemment 4,15 dirhams. Pareil au Koweït où le prix de l’essence d’octane 98 est passé, depuis avril dernier, de 200 à 235 fils.

Comme les plus grands producteurs de pétrole, ses plus gros consommateurs trinquent eux aussi. Il y a deux jours (le 14 juin), la Chine a augmenté les prix au détail de l'essence et du diesel respectivement de 390 yuans (environ 57,8 dollars) et de 375 yuans par tonne, selon la Commission nationale du développement et de la réforme. Cela signifie que le prix au détail est désormais supérieur à 9 yuans le litre pour l'essence 92# et même supérieur à 10 yuans pour l'essence 95#. Il s'agit de la 11e augmentation des prix du carburant depuis la fin de l'année dernière.

D’où vient le problème ? Douloureuses pour n’importe quel gouvernement au monde, ces décisions s’expliquent par la nouvelle flambée des prix du pétrole sur les marchés internationaux. A titre indicatif, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août gagnait 0,47% à 122,84 dollars, mardi 13 juin, alors que le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juillet avançait de 0,46% à 121,49 dollars.

Les analystes du monde entier s’accordent à prédire de nouveaux records tarifaires tant que persistera le problème de l’offre, considérablement réduite sans la Russie, alors que la demande grandit.

Que faire ? C’est justement pour tenter de freiner cette tendance haussière des prix de l’or noir que Biden effectuera une visite, qualifiée d’ores et déjà d’historique, en Arabie saoudite les 15 et 16 juillet prochain. Lors de ce premier déplacement au Moyen-Orient de Joe Biden, en sa qualité de président des Etats-Unis, le locataire de la Maison Blanche saura convaincre Mohammed ben Salmane à faire augmenter la production saudienne. Ces derniers mois, le consommateur américain paie 5 dollars, en moyenne, son galon (3,78 litres) alors qu’il devait verser 3 dollars seulement il y a un an.

Quid de l’avenir ? Dans son rapport mensuel sur le pétrole publié, mercredi 15 juin, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit que la demande pétrolière mondiale va pour la première fois dépasser les niveaux d'avant la pandémie de Covid l'an prochain, tirée par la Chine.

«La consommation va surpasser les niveaux pré-pandémie pour la première fois, à 101,6 millions de barils par jour (mb/j) en 2023», lit-on dans ce document.

Selon les prévision de l’Agence, la demande mondiale atteindra l’année prochaine 99,4 mb/j, soit 1 mb/j au-dessous des niveaux de 2019. Un tel niveau risque de compliquer la situation si la guerre en Ukraine perdurait.

Ces indicateurs poussent les analystes nationaux, même les plus optimistes, à froncer les sourcils en parlant de l’avenir immédiat. C’est le cas du Secrétaire général de la Fédération de l'énergie. Mostafa Labrak rappelle, en répondant à des questions de L’Observateur du Maroc, la dépendance du Maroc des marchés internationaux pour la satisfaction de ses besoins vitaux en produits pétroliers, avant de lancer : «Je crains que 2023 ne soit pire que 2022». Il explique que la menace d’embargo antirusse proférée par les Européens ajoutée à l’explosion attendue de la demande et le tarissement de l’offre sans la Libye, par exemple, ne prêtent pas à l’optimisme.