Universités marocaines. Une petite leçon d'un Prix Nobel
Norman Borlaug. La guerre contre la faim se poursuit

Les scientifiques bienfaiteurs de l’humanité sont nombreux et chacun apporté sa pierre à l’édifice qui permet à l’humanité de se développer. Norman Borlang, lui, a permis à l’humanité de se nourrir grâce aux améliorations qu’il a introduites à la culture des céréales. Aujourd’hui, la crise russo-ukrainienne a rappelé que la première bataille de l’humanité reste et sera toujours l’alimentation.

Le nom de Norman Borlaug (25 mars 1914,12 septembre 2009) ne peut être prononcé sans référence à la Révolution verte. C’est cette révolution qui a permis au Mexique d’être autosuffisant en céréales en1956, grâce à ses méthodes de culture améliorées et à la souche de blé robuste - le blé nain - adaptée aux conditions mexicaines.

Plus tard, les mêmes méthodes ont été adoptées, dès 1960, par le Pakistan et l’Inde qui avaient vu leur production doubler. Le blé nain a été semé un peu partout sur la planète. Le blé appelé semi-nain est la variété dominante de blé cultivée aujourd'hui, représentant environ 99 % de la superficie mondiale de blé.

La plante est plus courte avec une tige plus solide, qui résiste au vent et au poids de l’épi. Il lui faut moins de temps pour atteindre la hauteur nécessaire à la production de céréales. De plus, la tige, plus courte et plus dure, peut être récoltée par des moissonneuses-batteuses et d'autres machines lourdes, ce qui rend la récolte du blé moins exigeante en main-d'œuvre. Par ailleurs, la variété de Borlaug est résistante à la rouille du blé (à l'exception d'une nouvelle souche appelée aujourd'hui «Ug99») et peut supporter de fortes quantités d'engrais.

Les travaux scientifiques de Borlaug ont été récompensés par plusieurs prix, délivrés par des universités et des organisations dans six pays, Canada, Inde, Mexique, Norvège, Pakistan, Etats-Unis. Et puis, pour couronner le tout, le Prix Nobel de la paix en 1970.

Pourquoi la Paix pour un travail scientifique? Tout simplement parce que l’alimentation constitue le premier challenge pour l’humanité.

Mais pourquoi parler de Norman Borlaug maintenant?

Pour deux raisons principale.

Un, la question de la souveraineté alimentaire mobilise tous les pays du monde. Il ne s'agit plus d'avoir accès au marché mondial des céréales, par exemple, mais de parvenir à l'autosuffisance en cette matière. C'est une révolution dans les mentalités parce que la théorie des avantages comparatifs n'opère plus. Les pays sont prêts aujourd'hui à produire chez eux même si le coût pèse sur la compétitivité. Les produits stratégiques sont une exception dans cette construction théorique.

Deux, c'est un enseignement pour les responsables de l'enseignement et de la recherche au Maroc. Nous l'avons vu, des universités prestigieuses perdent leur temps avec des charlatans qui n'apportent rien à la société, rien à l'économie, rien à la politique, rien à la science.

Il est temps que l'école et l'université sortent de leur léthargie. Il n'est pas compliqué d'imaginer un système d'enseignement efficace et productif. Il suffit de suivre la science et ses applications à travers le monde. Car, il faut bien le reconnaitre, nous n'y sommes pour rien. Certes, il y a des Marocains qui ont percé mais leurs études supérieures et leurs recherches se sont déroulées ailleurs, là où on mesure parfaitement le challenge scientifique. Et puis surtout, leurs talents ne peuvent trouver l'espace de leur épanouissement dans leur pays.

Norman Borlaug a gagné sa guerre contre la faim, nous avons à gagner la notre contre l'ignorance.