Humour. Le Marocain aime rire, mais pas à ses dépens
L’humour est aussi une question d’intelligence

Marrakech du Rire est un bon festival. On en convient, c’est bien organisé, bien marqueté, bien emballé et il accueille de grandes stars. De très petites aussi. Tout cela est bien pour Marrakech et pour le pays. Mais pour l’image, il faut voir.

Dans leur effort de faire rire, parfois c’est très laborieux et on le sent, certains artistes prennent ce qu’ils trouvent et généralement c’est le Maroc lui-même et le Marocain.

On adore le dépeindre comme un être hors de la civilisation, hors du temps et en plus, ce qui aggrave la situation, on le présente comme un rustre, un inculte, un escroc ou encore un petit opportuniste qui n’attend que l’occasion de soutirer des sous aux touristes. Des clichés que les humoristes usent jusque’à la corde et cela marche...pour eux.

Ils sont grassement payés, bien accueillis dans les meilleurs palaces de Marrakech, choyés par les médias... Par contre cette histoire d’humour sur le dos du Marocain ou de la Marocaine finit par lasser.

Et ce ne sont pas uniquement les humoristes marocains ou franco-marocains qui cassent du Marocain. Même les Français s’y sont mis et on peut les comprendre, ils ont vu que cela marchait avec leurs confrères marocains. C’es devenu un filon que chacun veut exploiter pour son propre profit.

Gad El Maleh a fait du bon beurre avec le sujet, Jamel Debbouze aussi comme Malik Bentelha et son gag sur la liberté au Maroc, et bien sûr aussi des Français comme Jeremy Ferrari, ou encore Frank Dubosc avec son âne.

Les Marocains aiment rire et ils aiment l’autodérision, mais seulement quand ils sont entre eux. Par contre, cela vient d’étrangers et que cela soit diffusé à travers le monde, ils se sentent agressés. Et on les comprend.

Quand Gad El Maleh parle du GPS marocain, ou du taxi qui s’arrête même quand il n’est pas libre, ou quand Debbouze compare les MRE qui rentrent au pays à des gnous, cela touche évidemment les Marocains.

C’est vrai, ils sont très tolérants mais il y a quand même des limites. On ne peut pas les massacrer à longueur de spectacle et s’attendre à ce qu’ils applaudissent tout le temps.

Avec un peu d’intelligence on peut trouver des sujets très drôles et en plus utiles.

On les entend déjà les humoristes: « Ce n’est que de l’humour, à l’aise Blaise! ». On peut leur répondre déjà: « ce n’est qu’une chronique, cool Raoul»

Sans rancune cela va de soi.