Loi de Finances. Une Contribution Sociale de Luxe
Aziz Akhannouch, le chef du gouvernement est arrivé dans un moment difficile, mais il doit montrer que c'est difficile pour tout le monde.

La solidarité c’est bien, la contribution sociale c’est magnifique. Un citoyen sensé n’aurait rien à redire. Par contre, quand un gouvernement demande aux contribuables de casquer plus alors que lui se vautre dans le luxe, rien ne va plus. C’est la rupture entre les dirigeants et le citoyen.

Le gouvernement a annoncé la reconduction de la contribution de solidarité sociale (CSS) dans la loi de Finances de 2023. Rien d’étonnant, la CSS qui a été mise en place en 2013 a été plusieurs fois reconduite. Cela veut dire qu’on demande aux contribuables de participer davantage, en plus de leurs impôts et taxes, à la couverture des dépenses publiques.

Le gouvernement parle de la généralisation de la protection sociale dont l'achèvement est prévu d'ici fin 2025 et qui exige pas moins de 14 milliards de DH. La CSS ne financera pas tout, cela va de soi, elle n’avait rapporté que 4,44 milliards de DH en 2021. Donc, il va falloir gratter ailleurs.

Cependant, l’essentiel n’est pas ici. Si le gouvernement est obligé de demander un plus aux agents économiques pourquoi ne ferait-il pas un petit effort en réduisant son train de vie au maximum. Car sinon, cette CSS ne serait qu’une mesure pour permettre à l’Etat de maintenir son train de vie de pays riche. Les voitures de luxe (même des SUV) dont bénéficient les agents de l’Etat ainsi que leurs bureaux luxueux, les bouquets de fleurs, et les autres gâteries, comme les voyages en première classe et les hôtels 5 étoiles, trahissent les signes extérieurs de richesse d’un pays dont les citoyens ont beaucoup perdu en pouvoir d’achat à cause de l’inflation.

Ce n’est pas du tout fair-play tout ça. On aurait pu admettre cette CSS si, de son côté, le gouvernement avait pris des mesures dans le sens de la réduction de ses dépenses ostentatoires, inutiles et aussi, disons-le, insolentes. Quand un gouvernement demande un petit (façon de parler) effort aux agents économiques, il doit tout de même obtenir l’assentiment de ces derniers. Au moins, on le remerciera pour avoir bien décidé. Comment peut-il obtenir l’adhésion des contribuables si, lui-même, ne montre aucun signe de bonne volonté? Impossible. Même pas en rêve.

Les gens qui tirent le diable par la queue et qui voient leurs responsables publics et leurs élus se la couler douce dans une débauche de luxe ne comprendront jamais et surtout considèreront toujours qu’ils sont dans un oued et leurs dirigeants dans un autre.

Puisqu’il s’agit de gratter toujours plus, je suis sûr que le gouvernement pourra augmenter ses ressources rien qu’en réduisant ses dépenses. En même temps il montre au peuple qu’il ne vit pas à ses dépens comme un champignon.