Oléiculture. La filière en mode survie 
Les producteurs oléicoles s’attendent à une baisse drastique de la production.

La sécheresse qui frappe le Royaume et les effets du changement climatique, mettent en péril la culture des olives. La production d’huile est également menacée.



« Les oliviers sont victimes de la sécheresse et du réchauffement climatique, ce qui renchérit mécaniquement les prix de l’huile d’olive», résume Rachid Benali, le président de la fédération interprofessionnelle marocaine de l’olive (Interprolive) qui prévoit une année catastrophique pour le secteur oléicole ».

Chute de la production

Au Maroc, les oliveraies occupent plus d’un million d’hectares et sont cultivées dans cinq régions distinctes. En gros, les filières oléicoles représentent environ 5% du PIB agricole du pays et réalisent un chiffre d’affaires annuel d’environ 6.6 milliards de dirhams. D’après Rachid Benali, cette année, la future récolte d’olives est compromise. « Les producteurs s’attendent, à une baisse drastique de la production et cela concerne toutes les régions oléicoles du Maroc ».

En effet, l’olivier a besoin d’environ 3.000 m3 d’eau par hectare et par an. Il s’agit d’un arbre très résistant aux aléas climatiques. Chaleur excessive, manque cruel de précipitations, baisse drastique des eaux de barrages, incendies de forêts... le secteur a été gravement impacté par les effets de changement climatique et la sécheresse qui sévit cette année au Maroc. Benali note que de nombreux vergers sont complètement vides aujourd’hui.

L’huile d’olive sera plus chère

Difficile, selon Benali, d’évaluer l’ampleur des pertes. Par ailleurs, une chose est sûre : la production d'huile d’olives et celle de table sont grandement menacées. Aussi, il faudra s’attendre à une forte augmentation des prix d’huile d’olive, plus importante que celle enregistrée ces dernières semaines. «Cette baisse de production va affecter les prix. Mais les producteurs ont les mains liés. Ils ne peuvent pas répercuter cette augmentation (cherté des intrants, baisse de la production...) sur les prix fixés pour le consommateur final. Il y a un plafond à ne pas dépasser. Au-delà de ce seuil, les consommateurs n’achètent plus le produit. Et donc finalement, ce sont les producteurs et les revendeurs qui vont payer le prix fort en réduisant drastiquement leurs marges. Les pertes seront donc colossales », fait savoir Benali. Pour lui, aucune solution n’est envisageable pour le moment. Et aucune forme d’indemnisation n’est prévue non plus. Même la seule assurance proposée sur le marché, « coûte chère et indemnise mal et donc la plupart des cultures oléicoles ne sont pas assurées. Par conséquent, les producteurs ne pourront pas être dédommagés », conclut Benali.