Maroc-Kenya. Comprendre les choix de William Ruto
William Ruto. Le pragmatisme, rien que le pragmatisme

Le président du Kenya Dr. William Ruto a fait l’actualité la semaine dernière et ce n’est toujours pas fini. Mais si cette actualité est dictée par l’entrée en fonction effective du nouveau président, elle est aussi accentuée par l’entrée du Maroc dans le champ.

Dès le premier jour de son investiture, le président a démontré qu’il était un homme pratique qui ne s’encombre pas d’idéologie. Son tweet sur l’annulation de la reconnaissance par son pays de l’entité du Polisario n’est pas une saute d’humeur. On en est très loin. De fait, le président fait de l’agriculteur et l’investissement des priorités absolues et donc le choix des partenaires est une question sratégique.

Pour ce qui est de l’agriculture qu’il veut moderniser, l’apport de l’engrais est indispensable et voici ce qu’il a promis le premier jour de son investiture: Réduire le prix des engrais de 40% pour les faire passer de 6.100 Shiling kenyans (Ksh) à 3.600 Ksh. Une affaire très sérieuse comme les importations peuvent porter sur 1,4 million de sacs. Le président a d’ailleurs rappelé que le prix des engrais au Nigéria a baissé de 5.000 Ksh à 1.700 Ksh grâce à au rapprochement de ce pays avec le groupe OCP (Office chérifien des phosphates).

Il y a un autre argument plaidant en faveur d’une plus grande coopération Maroco-kényane, relevé par Business Today Kenya. C’est la banque panafricaine Attijariwafabank (AWB) très connue dans le pays, d'ailleurs. Pour les Kanyans, AWB est un partenaire stratégique d’autant plus qu’elle a signé un accord avec IFC du groupe de la Banque Mondiale afin de promouvoir les échanges et les investissements entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne.

D’énormes possibilités s’offrent aux Kényans et aux Marocains. La publication rappelle à ce propos que le Maroc est devenu le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest, qu’il représente 4% du PIB du Cameroun et 4% de celui du Sénégal.

On sait par ailleurs que la banque KCB Kenya avait signé un accord avec AWB le 21 mars 2019 pour renforcer le commerce transfrontalier et l’inclusion financière. Des activités qui ont un grand impact social. Le fait que KCB Kenya ait des ramifications en Tanzanie, Ouganda, Ethiopie, Soudan du Sud, Burundi et Rwanda donne à cette collaboration une dimension régionale.

Il faut ajouter aussi, comme l’a fait Business Today que le Kenya est le troisième exportateur de thé dans le monde avec 1,4 milliard de dollars tandis que le Maroc est le huitième importateur avec 200 millions de dollars, soit un sixième de toutes les exportations kenyanes, souligne la publication. Là aussi, il y a des opportunités à saisir. A retenir que le thé kenyan est d'une très grande qualité.

Tout cela pour dire que lorsque le président William Ruto a décidé de renforcer les relations avec le Maroc, il ne suivait aucune idéologie particulière. Ce qui l’intéresse c’est le développement de son pays et l’amélioration des conditions de vie de ceux qui lui ont fait confiance en votant pour lui.

Dans ce contexte, on voit bien pourquoi le Kenya ne veut plus traîner le Polisario dans ses baskets et faire plaisir à l’Algérie qui n’a aucune valeur ajoutée économique à apporter ni au Kenya ni à l’Afrique de l’Est. Ni à personne d'ailleurs.

C'est aussi une évolution sensible en Afrique. Les pays sont obligés d'apporter des solutions concrètes à leurs populations lassées de slogans trompeurs et chants révolutionnaires qui ne mènent à rien.

Si l'Algérie pouvait réfléchir comme le Kenya, ce serait une grande avancée pour le peuple.