Transport. Le soutien de l'Etat, aide t-il vraiment ?
La majorité des transporteurs sont à l’agonie et presque 20% d’entre eux ont même arrêté leur activité. 

Les transporteurs bénéficieront d’un soutien exceptionnel supplémentaire. Cette initiative est-elle efficace ? 



«Ces aides de l’Etat aux transporteurs se sont avérées très faibles et insuffisantes pour compenser la hausse des coûts d’exploitation, liée à la flambée des prix du carburant », lance d’emblée le Secrétaire Général de la Fédération Nationale des Métiers du Transport Routier et Logistique, Hicham Fajri.

L’opération d’inscription pour l’obtention du soutien exceptionnel supplémentaire destiné aux professionnels du transport routier a démarré mercredi 28 septembre. Les professionnels ont déjà bénéficié de quatre aides, jusque là, qui leur ont été consacrées selon les catégories. La cinquième tranche est en cours d’exécution. «Ce soutien est mal ciblé, ne bénéficie pas à toute la profession et différents dysfonctionnements ont entaché la mise en œuvre de cette opération », souligne Mustapha El Kihel, secrétaire général de la Fédération nationale des professionnels du transport et taxis au Maroc.

Ces professionnels exclus

Concrètement, El Kihel cite le cas des du transport mixte, des véhicules routiers de moins de 3,5 tonnes de PATC affecté au transport de marchandises...qui ne font pas partie de liste des bénéficiaires. Il évoque aussi le cas des chauffeurs de taxis qui ont été exclus de l’opération qui bénéficie aux propriétaires d’agrément de transport, plutôt qu’aux chauffeurs, bien que les premiers «n'exercent pas la profession».

En gros, sur les 600.000 véhicules que compte le secteur, le soutien a été initialement prévu pour 180.000 véhicules. Mais, les experts assurent que seuls 134.000 y ont eu droit.

Des aides dérisoires

De son côté Fajri note que les aides octroyées dans le cadre de la formule actuelle restent dérisoires et ont été décidées de manière arbitraire et unilatérale sans aucune concertation avec les professionnels ni calcul sérieux de l’impact réel sur la profession ». Selon le même expert, le gasoil représente plus de 65% dans la structure du coût du transport. Aujourd’hui, cela pèse entre 70% et 80%. «Le trajet Casablanca Agadir pour un camion de taille moyenne, par exemple, occasionne des frais se situant entre 5 et 6.000 dirhams de gasoil, ce qui correspond à presque le montant de l’aide mensuelle octroyée. Au moment où il devrait effectuer 3 voyages aller/retour par semaine. C’est une perte sèche pour les transporteurs », explique Fajri qui tient à préciser que 48.000 dossiers sont en suspension aujourd’hui et la majorité des transporteurs sont à l’agonie et presque 20% d’entre eux ont même arrêté leur activité.

Même constat chez le segment des taxis. El Kihel fait savoir que la hausse des prix des carburants oblige les professionnels à débourser près de 150 DH de plus par jour. «Faites le calcul par mois...ce sont 4500 DH de charges supplémentaires. Insupportable pour un quelqu’un qui reçoit 2.200 DH comme aide de la part de l’Etat », déplore le représentant de la profession. Il ne cache pas sa déception non plus quant à la décision de ne plus reconduire la révision à la hausse de 40% de la valeur de ces aides adoptée lors de l’octroi de la quatrième tranche du soutien. «À notre grande surprise, nous constatons que le gouvernement n’a pas augmenté la valeur du soutien pour la cinquième tranche en cours d’exécution. C’est une promesse qui n’a pas été tenue malheureusement », insiste El Kihel.

D’autres solutions existent...

La ministre de l’Economie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, a révélé que 2,5 milliards de dirhams ont été déboursés pour soutenir le transport public et de marchandises contre la hausse des prix des hydrocarbures. Mais, aujourd’hui, les avis des transporteurs sont unanimes : il faut opter pour d’autres solutions plus efficaces et plus efficientes. Fajri appelle ainsi le gouvernement à recourir plutôt au plafonnement des prix des carburants pour le secteur du transport et l’adoption d’une tarification nationale de référence pour le secteur. Il propose aussi la réduction des taxes liées à ces produits notamment la TIC.