Maroc-Afrique du Sud. L’effet du 20 août
Nacer Bourita Hadja Lahbib lors de la conférence de presse conjointe.

Le point de presse conjoint de Nacer Bourita, le ministre des des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger du Maroc avec la ministre belge des Affaires étrangères Hadja Lahbib, hier à Rabat, recèle une pépite qui a été interprétée de manière abusive. En même temps, on n’en a pas compris tout le sens.

Qu’a dit le ministre? Il parlait de l’Afrique du Sud et de l’accueil que son président a réservé au chef des séparatistes du Polisario. Il a dit qu’il est inconcevable pour une entreprise sud-africaine qui continue de faire des bénéfices au Maroc de rester les bras croisés devant le comportement de son gouvernement.

C’est l’application sur le terrain diplomatique de l’esprit du Discours du Roi Mohammed VI à l’occasion du 69ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple du 20 août 2022: « Je voudrais adresser un message clair à tout le monde : le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international. C’est aussi clairement et simplement l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats qu’il établit », avait dit le Souverain.

Autrement dit, on ne peut plus continuer à faire semblant. Le Maroc ne peut pas subir les actes hostiles de la politique sud-africaine et en même temps permettre aux entreprises de ce pays de profiter des relations économiques. Il est temps donc de rectifier la trajectoire.

Nacer Bourita n’a pas appelé au boycott des produits et services sud-africains, comme certains ont pu l’interpréter. Il a juste lancé un message aux entreprises qui font du business au Maroc qui doivent réagir à la politique de leur gouvernement. Cela dit, sur les réseaux sociaux, il est vrai, les Marocains se sont déjà mobilisés dans cette perspective.

Bien que le message soit directement adressé aux Sud-africains, il n’en demeure pas moins qu’il peut être considéré comme universel. Il concerne toutes les entreprises qui font des bénéfices sur le marché marocain.

Ainsi, une entreprise française, exemple pris au hasard, peut se demander si elle pourrait continuer à opérer au Maroc si son gouvernement avait commis un acte contre les intérêts de ce pays « amis ».

Les entreprises françaises auront-elles encore la chance d’obtenir de grands marchés au Maroc? Pourront-elles profiter des relations privilégiées du Maroc avec les pays africains? La France est un exemple, mais cela concerne tout le monde.

Vu la situation diplomatique confortable du Maroc, il n’oblige personne à rien. Seulement, il dit à tout le monde, si vous n’êtes pas avec nous en politique, et c’est votre droit souverain, ayez l’obligeance d’en faire autant dans le domaine économique.

Personne ne vous en voudra.

En Afrique, comme en Europe, le Maroc a dépassé le stade où un seul pays peut avoir une influence sur sa politique, surtout en ce qui concerne son intégrité territoriale. C’est aussi simple que cela. Au Maroc, les relations bilatérales doivent être entières ou ne pas être du tout.