Eau: Que peut apprendre le Maroc de l’expérience d’Israël ?
Le Maroc devrait s'inspirer de l’expérience israélienne dans le domaine de le gestion de l'eau.

Le Maroc est frappé par une sécheresse inédite. Les ressources en eau sont de plus en plus rares. Israël a vécu la même expérience. Aujourd’hui, le pays produit un surplus de 20 % que ce qu’il en a besoin. Quels enseignements à tirer pour le Maroc ? 



« Le Maroc et Israël, confrontés aux mêmes défis de la sécheresse, sont appelés à renforcer leur partenariat pour une meilleure gestion de la rareté des ressources hydriques », a indiqué, la ministre israélienne de la Science, de la technologie et de l'espace, Orit Farkash-Hacohen lors du forum « Morocco-Israel – Connect to Innovate » ajoutant que les entreprises israéliennes innovantes peuvent contribuer énormément à la réalisation des objectifs fixés par le Maroc et Israël dans plusieurs domaines, tels que la gestion de l’eau et les énergies renouvelables. Et de mettre en avant l'expérience réussie d'Israël, un pays historiquement impacté par le déficit en ressources hydriques, qui parvient actuellement à satisfaire entièrement ses besoins en eau, avec un surplus de 20%.

D’après le président de la commission des affaires de l’environnement et du développement durable au sein du CESE et coordinateur de l’alliance marocaine pour le changement climatique et le développement durable, Abderrahim Ksiri, la région du Moyen Orient (Jordanie, Palestine, Israël...) a été toujours frappée de plein fouet par la sécheresse et faisait face à une crise très importante de stress hydrique. «La région souffre d’une quantité d’eau très limitée et partagée entre plusieurs populations. Il fallait donc optimiser la gestion et innover pour pouvoir affronter les défis de la rareté d’eau », explique l’expert

Des systèmes innovants

En effet, la demande en eau de la population d’Israël a tellement dépassé l’approvisionnement et la reconstitution naturelle de l’eau potable qu’en 2015, l’écart entre la demande et l’approvisionnement en eau naturelle disponible a atteint 1 milliard de mètres cubes (BCM). « Israël est parmi les pays qui ont développé des technologies très pointues comme le goutte-à-goutte et de nombreux systèmes innovants d’économie d’eau et de captage de l’eau à partir de l’air qui ont permis de réduire le gaspillage pour une utilisation optimisée de l’eau », souligne Ksiri.

Au milieu des années 80, l’agriculture utilisait 72% de l’approvisionnement en eau potable d’Israël. Aujourd’hui, l’irrigation au goutte-à-goutte arrose 75 % des cultures d’Israël, alors que seulement 5 % des exploitations agricoles dans le monde utilisent actuellement cette technologie. « Dans ce domaine, le Maroc pourrait s’inspirer de l’expérience israélienne », note Ksiri avant d’ajouter que le Royaume a l’obligation d’innover aujourd’hui pour surmonter cette crise. Mais, avant d’utiliser les technologies des autres pays, le pays devrait s’inspirer de l’expérience de ceux qui font face aux mêmes conditions climatiques comme la Tunisie, la Jordanie ou encore Israël.

Réutiliser les eaux usées

Pour Ksiri , l’expérience d’Israël peut également être bénéfique pour le Maroc dans le segment de la dépollution des eaux usées. «87% des eaux à Israël sont épurées et réutilisées dans le système agricole. Au Maroc, nous sommes très loin. La réutilisation et la dépollution des eaux usées sont très limités et utilisés uniquement pour l’arrosage dans les espaces verts et les golfs », fait savoir l’expert ajoutant que les bonnes pratiques et les technologies utilisées dans ce domaine peuvent enrichir l’expérience marocaine.

En 2015, Israël avait réussi à traiter et à recycler 86 % de ses eaux usées pour les exploitations agricoles au moment ou par exemple en Espagne, pourtant classé en deuxième position, le taux ne dépasse pas les 17%. L’objectif pour l’Etat Hébreu est de recycler 95 % des eaux usées pour l’agriculture d’ici 2025.

Là où le Maroc pourrait également suivre l’exemple israélien : « le domaine de la collecte de l’eau et son captage mais aussi l’économie d’eau », relève Ksiri.

Dans le segment du dessalement d’eau, le programme mis en place par le gouvernement israélien en 1999, a abouti à la mise en place de cinq installations de dessalement opérationnelles. Deux autres usines sont en cours de développement. Une fois la septième installation achevée, l’eau dessalée couvrira jusqu’à 90 % de la consommation annuelle d’eau municipale et industrielle d’Israël. Et le gouvernement israélien a un objectif de produire 1,1 BCM d’eau dessalée d’ici 2030.

Selon Ksiri, si les recherches entre les deux pays ont été partagées de manière informelle avant, aujourd’hui, l’échange est devenu direct et cela pourra accélérer le transfert des technologies, le savoir faire, mais aussi l’accompagnement des opérateurs marocains pour la mise en place de solutions innovantes pour surmonter la crise actuelle de pénurie d’eau