Abderrazzak Hassouni: « Les perspectives d'avenir pour les banques participatives sont encourageantes »
Abderrazzak Hassouni, directeur de Dar Al Amane.

Dar Al Amane fête ses 5 ans d’activité sur le marché national. Bilan, positionnement, perspectives, évolution du secteur et obstacles à lever pour son essor…Eclairage du directeur de la filiale participative de Société générale Maroc, Abderrazzak Hassouni. 



L’Observateur du Maroc et d’Afrique. Société générale Maroc a lancé Dar Al Amane en 2017. Quel est le bilan des 5 ans d'activité ?

Abderrazzak Hassouni : Lors de sa création par Société Générale Maroc en 2017, Dar Al Amane fut l’un des premiers acteurs de la finance participative du Royaume. Bien qu’étant une fenêtre participative, DAA s’est organisée en véritable modèle de banque à part entière, en développant une marque, une charte ainsi qu’un réseau d’agences dédiées qui a atteint 14 actuellement et réparties sur l’ensemble des grandes villes du Royaume. DAA a opté pour un modèle d’agences hybrides unique sur le marché, en développant ses propres agences au lieu de se contenter de ‘’corners’’ au sein des agences conventionnelles. Et cela contribue à nous positionner en tant que banque universelle, proposant une offre globale destinée à l’ensemble des segments de marché : particuliers, professionnels et entreprises.

Quel est le positionnement actuel de DAA sur le marché de la finance participative et quelles ambitions pour les années à venir ?

Au bout de 5 années d’activité, Dar Al Amane se positionne en tant qu’acteur majeur de la finance participative au Maroc, occupant la troisième place et revendiquant une part de marché de 14 % en termes de volume de financements. Ces réalisations très honorables sont principalement le résultat de l’engagement et du professionnalisme de ses Hommes et Femmes, la pertinence de sa stratégie ainsi que l’agilité de son modèle centré sur la satisfaction client et en capitalisant sur les expertises du groupe Société Générale Maroc sur différents métiers tels la monétique, le traitement des flux,... Cette belle dynamique a d’ailleurs confirmé la pertinence de notre modèle qui a été couronné cette année par le prix « Elu service client de l’année 2022 ».

Nous comptons bien évidemment poursuivre et renforcer cette dynamique en permettant à de plus en plus de marocains de bénéficier des offres et services de Dar Al Amane tout en maintenant notre positionnement parmi les trois premiers acteurs du marché, notamment sur le segment des particuliers, des professionnels et de la TPE. Un objectif ambitieux dont la concrétisation repose notamment sur la densification de notre réseau d’agences afin de couvrir l’ensemble du territoire national.

Comment évolue le marché participatif au Maroc et quel est le potentiel de son développement ?

Globalement le bilan est positif, le marché participatif ayant enregistré une forte croissance depuis son démarrage, principalement en matière de solutions de financement dont l’encours actuel dépasse les 22 milliards de dirhams à fin Août 2022, avec une nette prédominance des financements immobiliers dont la part s’élève à 83 %. Ces derniers mois, nous avons également observé une croissance notable des financements dédiés à l’équipement des entreprises, qui affichent une progression de plus de 70 % sur une année glissante.

Le potentiel de croissance du marché est prometteur, notamment à l’aune de l’évolution de l’écosystème participatif : garanties des financements par la fenêtre participative de la CCG, la création des compagnies Takaful et le lancement de Takaful assurance,... avec en parallèle un développement continu en termes de produits : Mourabaha , Salam, Wakala Bil Istitmar, Istisnaa, Kafala, dépôts d’investissement ...

Qu'en est-il des obstacles qui entravent son essor?

La finance participative rencontre certains écueils qui entravent son essor. D’abord en termes d’image et de perception, les banques participatives étant encore perçues comme des sociétés de financements plutôt que comme banques universelles. Une bonne partie des clients recourt d’ailleurs aux banques participatives en tant que banque d’appoint et non comme banque principale, étant davantage intéressés par les offres de financements que par les produits et services bancaires « classiques »...

Un autre écueil est plus de nature structurelle, les banques participatives souffrant en effet d’un déséquilibre entre leurs ressources et leurs emplois. Ce problème de liquidité représente l’une des entraves majeures qui impactent négativement la rentabilité de ces banques et ce d’autant que celle-ci demeure fortement dépendante de la marge d’intermédiation ce qui les oblige à poursuivre de façon soutenue leurs efforts d’élargissement de leur offre de produits et services, afin de diversifier leurs sources de revenus.

Dans ce contexte, les banques participatives dont la taille ne cesse de se développer doivent accorder un intérêt particulier à l’optimisation de leur modèle opérationnel et à la maitrise des risques liés à leur activité.

Quelles sont les perspectives d'avenir pour les banques participatives et quels défis à relever ?

Les perspectives sont encourageantes, le marché étant encore à ses prémices. Ces 5 dernières années ont en effet permis aux banques participatives d’affiner leurs organisations et structures, adapter leurs systèmes d’information, former leurs équipes... Aujourd’hui, elles sont appelées à consolider ce savoir-faire et œuvrer au développement de leur fonds de commerce, à travers des solutions innovantes qui tiennent compte aussi bien de l’évolution des comportements de la clientèle que des avancées et ruptures technologiques. Parallèlement au développement du réseau d’agences sur l’ensemble du territoire national, afin d’attirer un nombre suffisant de clients à même de maintenir les niveaux de rentabilité adéquats, tout en leur proposant une gamme complète de services destinés à répondre aux besoins de l’ensemble des segments de clientèle : particuliers, professionnels et entreprises.

Un autre challenge réside dans la nécessité de renforcer l’écosystème participatif afin de permettre aux banques de disposer d’instruments et solutions de refinancement adaptés à leur activité de manière indépendante.

Comment selon vous la finance participative pourrait participer à l'inclusion financière ?

Le marché bancaire participatif vient pour compléter l’offre sur le marché bancaire conventionnel marocain, dont le taux de bancarisation est loin d’être saturé et recèle une importante marge de progression. La particularité des banques participatives a permis à des dizaines de milliers de marocains de se bancariser en bénéficiant d’offres et de services en conformité avec les préceptes de la finance participative, d’où la nécessité de développer aussi bien les offres que le réseau d’agences afin d’être au plus près des clients potentiels dont des milliers ont exprimé une appétence avérée pour ce type de services bancaires.

Quelles seront les priorités de DAA en 2023?

Nous comptons maintenir notre positionnement parmi les trois principaux acteurs de la finance participative au Maroc, ainsi que notre leadership sur le marché des particuliers et professionnels. Au cours de 2023, nous veillerons notamment à renforcer la proximité avec nos clients ainsi que leur satisfaction quant aux niveaux des prestations que nous leurs proposons. Cette année verra également le développement de notre fonds de commerce via l’élargissement de notre base de clients, parallèlement à la diversification des canaux digitaux et la densification de notre réseau. Autant d’objectifs qui reflètent notre ambition d’occuper un rôle majeur dans le financement de l’économie nationale.