Vidéo - Pérou. Le président, destitué, arrêté et remplacé
Castillo a perdu au bras de fer avec le Parlement

Le président péruvien Pedro Castillo est en détention dans une base de la police à Lima, au lendemain de sa destitution et de son arrestation. La vice-présidente Dina Boluarte le remplace.

La troisième procédure de destitution a eu raison du président de gauche. Pedro Castillo qui voulait destituer le Parlement est arrivé au pouvoir en juillet 2022. Il a été "placé en état d'arrestation", a annoncé la procureure Marita Barreto. Des images ont montré le chef de l'Etat déchu assis dans un fauteuil, entouré de procureurs et de policiers.



Selon les médias péruviens, P. Castillo a ensuite été transféré par hélicoptère vers une base des forces spéciales de la police à Lima, où il devrait être détenu pour une durée maximale de 15 jours. Le parquet a effectué par ailleurs dans la soirée de mercredi des perquisitions au palais présidentiel.

Une source judiciaire a précisé à l'AFP qu'une enquête pour "rébellion" avait été ouverte contre M. Castillo qui n'aura dirigé le pays que dix-sept mois.

Elle vient s'ajouter aux six autres enquêtes pour corruption ou trafic d'influence le visant, infractions dont sont également accusés des membres de sa famille et de son entourage politique.

Sa destitution pour "incapacité morale", retransmise en direct à la télévision, a été approuvée par 101 des 130 parlementaires, dont 80 dans l'opposition.

Dans un effort de dernière minute pour sauver son poste, l'ancien président avait annoncé la dissolution du Parlement quelques heures seulement avant que ce dernier ne se réunisse pour statuer sur son sort.

Il avait également annoncé la mise en place d'un "gouvernement d'urgence exceptionnel" et vouloir "convoquer dans les plus brefs délais un nouveau Congrès doté de pouvoirs constituants". Une manoeuvre ignorée par le Parlement et largement dénoncée par la classe politique.

Selon la police, après l'échec de sa tentative de dissolution, M. Castillo avait l'intention de se réfugier à l'ambassade du Mexique et de demander l'asile, mais il a été arrêté avant.

"Aujourd'hui, il y a eu un coup d'Etat dans le plus pur style du 20e siècle", a dénoncé le président de la Cour constitutionnelle Francisco Morales, estimant que "personne ne doit obéissance à un gouvernement usurpateur".

Selon l'analyste politique indépendant Augusto Alvarez, Castillo avait "violé l'article 117 de la Constitution péruvienne et (était) dans l'illégalité. C'est un auto-coup d'Etat".

Lors d'une cérémonie d'investiture devant le Parlement où elle a été ceinte de l'écharpe présidentielle pour devenir la première femme présidente du Pérou, Dina Boluarte a elle aussi répété qu'il y avait "eu une tentative de coup d'Etat promue par Pedro Castillo qui n'a trouvé aucun écho dans les institutions de la démocratie ni dans la rue".

"J'assume (le pouvoir) conformément à la Constitution du Pérou, à partir de ce moment" et jusqu'en "juillet 2026", lorsque devait prendre fin le mandat de P. Castillo, a dit l'avocate de 60 ans issue du même parti d'inspiration marxiste (Peru libre) que lui.

avec AFP