Comme tout le monde peut le voir sur cette photo, les prévisions « mathématiques » n’ont aucune case pour le Maroc. Inexistant, invisible, indétectable. Le Maroc a démontré que les calculs ne servent à rien quand il y a d'autres critères de la réussite.
Ces génies ne nous ont pas mis dans les 16èmes, nous y étions. Nous les avons dépassés pour nous installer confortablement aux huitièmes puis aux quarts de finale. Et, fait remarquable, avec des filets propres (sauf le fameux but contre nous-mêmes, mais ce n’est pas terrible). Et nous voilà en demi-finale, tout aussi propres.
Où sont passées ces prévisions de têtes bien faites? Evaporées. Il ne s’agit pas de leur en vouloir mais juste de mettre le doigt sur un phénomène persistant: On ne sort pas du cadre. Les prévisionnistes ont pris leurs critères dans l’histoire des équipes, reconnaissant par là que l’histoire ne bouge pas; que celui qui ne réussit pas ne réussira jamais; que si on est pauvre on restera toujours pauvre; que si tu as un scooter aujourd’hui, tu n’auras jamais un beau 4X4 demain, ni après demain ni le surlendemain. Bref l’avenir est déjà dans le passé. C'est donc figé. Les premiers seront toujours les premiers. Repos!
Fini tout ça. Le Maroc a démontré qu’on peut tout désirer et tout obtenir. Nous n’étions visibles par aucun radar, mais ce n’était pas parce que nous étions minuscules mais parce que les radars étaient dépassés.
On peut tout modéliser sauf l’âme qui fait vibrer une équipe. Personne ne pourra calculer ni taux, ni quotients ni indice, rien. Ça ne se calcule pas, fin de la démonstration.
Les Marocains ont carburé à des éléments insaisissables, la niya (la bonne foi), le respect et l’amour de la famille (on joue pour le pays, pour le papa, pour la maman, pour les enfants...), la solidarité et la conviction qu’on peut, si on veut, chambouler l’ordre établi et exploser le mur de fer qui sépare les « grands » des « petits », les gagnants des perdants.
Et pourtant peu de gens connaissent vraiment les joueurs de l’équipe marocaines et surtout leur coach qui a pris ses fonctions moins de trois mois avant les compétitions.
Aujourd’hui, le centre de gravité du monde a changé grâce à la combativité des joueurs marocains et au génie de leur coach.
L’histoire retiendra cet épisode comme un tremblement dans l’ordre établi, comme une révolution libératrice des énergies.