Avocats, vous n'êtes pas sortis de l’auberge!
Les candidats recalés exigent des comptes

« Je suis spontané et ma spontanéité me cause des problèmes et je défends mes convictions». J’imagine un avocat spontané. J’imagine aussi un politicien spontané. Mais alors que serait le métier d’avocat et la politique si tout le monde était spontané? Le chaos sans doute.

Or, nous sommes là face à deux métiers qui peuvent être tout sauf spontanés. Abdellatif Ouahbi qui est l’auteur de cette déclaration avance le fait qu’il a été provoqué. Il ne fallait pas parler de son fils qui a eux deux licences et qui a exercé pendant 4 ans dans le cabinet de son père.

Il faut préciser qu’il n’y a là rien d’anormal. Tous les parents, qui le peuvent, offrent à leurs enfants les moyens de vivre par eux-mêmes. Un père reste un père et on ne peut rien dire.

Lorsque le PJD était aux affaires, ses députés et ses ministres ont trouvé des planques pour leurs enfants, maris, femmes, cousins... C’était un des aspects de leurs pratiques qui les a complètement discrédités dans l’opinion publique. C’était une des causes de leur déroute électorale.

Les partis qui ont pris la relève avaient tous promis une gouvernance sans faille, une justice juste, l’égalité des chances etc etc... Et là, il faut le remarquer quand ils parlaient dans leurs campagnes électorales, personne n’était spontané. Tout sourire, on acceptait d’être « provoqué » dans une ambiance bon enfant, démocratique et tout et tout.

Aujourd’hui, les Marocains se sentent grugés. Ils ont donné leurs voix à des marchands de belles paroles qui ne cherchaient en fait que leur intérêt comme ceux qui les avaient devancés et qui avaient mené le pays à adopter une nouvelle constitution censée remettre le pays sur les pieds et avancer vers un avenir plus prospère. Autant les promesses étaient grandes, autant la déception est incommensurable.

Cette affaire de concours des avocats jette le discrédit sur plusieurs institutions. L’ordre des avocats en est le premier touché puisqu’il s’agit de la crédibilité d’une profession essentielle à la société. Peut-on faire confiance à un avocat qui réussi sans mérite? Sera-t-il vraiment soucieux de l’intérêt de ses clients? Il y a matière à débat, certes, mais on sent déjà que la maison brûle. Le gouvernement est aussi entaché. Un ministère dont on soupçonne des pratiques frauduleuses alors que c’est lui qui doit veiller à l’application de la loi appartient à une équipe formée pour diriger les affaires du pays. Si on laisse passer ce scandale, qui garantira aux Marocains que les autres ministères ne versent pas dans les mauvaises pratiques?

Et puis il y a le chef du gouvernement. C’est lui qui est responsable de son équipe et c’est donc lui qui doit veiller à ce qu’elle soit irréprochable. Sait-il que la crédibilité de la Justice est essentielle à l’Etat de droit? Sans elle, personne ne fera confiance aux institutions. Et là, pensez aux investisseurs étrangers! Que diront-ils?

Des décennies de discours sur la bonne gouvernance pour s’apercevoir à la fin qu’on est toujours au même endroit, c’est quand même affligeant.

Ces réflexions n’auraient pas du être publiées. Mais que voulez-vous, je suis spontané et je défends mes convictions. On ne peut pas permettre la spontanéité à certains et l’interdire aux autres. Egalité des chances !