La résolution du Parlement européen vaut-elle vraiment quelque chose ?

On n’a pas fi ni avec Little Mandela que le Parlement européen (PE) nous gratifie de sa résolution. Nous ne respectons pas la liberté d’expression. Nous serions un royaume bananier qui fauche toutes les plumes qui poussent trop librement. Mais au fait que vaut cette résolution au juste ? Et que vaut le PE dans le processus décisionnel européen ?

On peut être rassuré, le ciel ne va pas nous tomber sur la tête à cause de la résolution du Parlement européen. Trois raisons nous offrent cette assurance. Premièrement, le Maroc est un pays souverain dont les institutions n’ont de compte à rendre qu’aux citoyens marocains. Ce n’est pas méchant de le dire et cela ne veut pas dire que le pays n’écoute pas ses partenaires. Au contraire, il est attentif à tout ce que ceux-ci disent de lui.

Deuxièmement, il s’agit du parlement européen. Ce n’est ni le Conseil de l’Europe, ni le Conseil de l’Union ni, encore moins de la Commission européenne. Le Parlement, à cause d’une malformation de naissance ne fait pas le poids devant les autres organes de décision. On ne va pas rappeler ce que l’historien de l’Europe Sylvain Kahn dit de cette institution qu’il appelle «Objet démocratique et historique non identifié» (ODHNI) dans Histoire@Politique. Politique, culture, société, N°8, mai-août 2009.

Troisièmement, nous sommes devant une résolution. Or, dans le droit de l’UE, où les normes sont rigoureusement hiérarchisées, les résolutions n’ont aucune incidence puisqu’elles sont listées avec les actes non contraignants. Ce n’est donc ni un règlement ni une directive et encore moins une décision européenne. Débattre d’une résolution permet surtout de faire de la politique en donnant l’impression qu’on travaille. Très utile au moment où les citoyens de l’UE se demandent s’ils auront le gaz et l’électricité pour passer l’hiver au chaud. L’inflation qui érode leur pouvoir d’achat, les difficultés à trouver un emploi et surtout le recul de l’Europe sur la scène internationale devrait normalement occuper les parlementaires jusqu’à la fin de leur mandat. Les Européens craignent plus la corruption qui permet à des élus de garder chez eux des millions d’euros issus de dessous de table.

Quant aux atteintes à la liberté de la presse au Maroc, il n’y a pas de mystère. Il n’y a pas eu de condamnation pour délit d’opinion. Cela n’existe pas au Maroc. Le délit d’opinion touche la tête, ceux dont parlent les parlementaires touchent des endroits plusieurs centimètres plus bas. On ne va pas vous faire un dessin tout de même. Dans ce cas, le parlement européen devra nous dire comment diable ces Marocains ont fait pour maquiller un délit. Ils doivent enquêter et trouver la combine. Tant qu’ils n’ont rien à présenter à part les effets sonores, on peut boire notre petit lait tranquillement.

**related_articles[6893,6890]**