Paul Kagamé Le mal si bien calculé
Vincent HERVOUET

Quand on écoute les anciens responsables rwandais aujourd’hui réfugiés à l’étranger, on se dit que Paul Kagamé est peut être l’un des pires dictateurs que l’Afrique ait enfantés. Ils l’accusent d’avoir confisqué le pouvoir. Ils révèlent surtout qu’il n’a hésité devant rien pour le conquérir. Faustin Kayumba Nyamwasa, ancien chef d’état-major de l’armée populaire rwandaise et Patrick Karageya ancien patron des services de renseignement extérieurs sont réfugiés en Afrique du sud depuis 2010. Ils détiendraient les preuves que Kagamé a donné l’ordre d’abattre l’avion de l’ancien Président Habyarimana. L’attentat a précipité le Rwanda en enfer.

Il a pulvérisé la transition en cours pour un partage du pouvoir entre l’opposition armée et le régime, entre Tutsis et Hutus. Il a provoqué la vengeance des extrémistes hutus, c'est-à-dire le génocide des Tutsis de l’intérieur. Au bout du compte, le FPR a gagné la guerre civile et son chef préside le pays depuis 19 ans. Les deux généraux réfugiés en Afrique du sud sont les anciens compagnons d’armes de Paul Kagamé, des Tutsis comme lui et qui ont gagné leur galons dans le maquis. D’où le poids de leur témoignage. Ils réservent leurs preuves à la justice, au juge Trévidic qui enquête sur l’attentat dans lequel a péri l’équipage français. Jusqu’à présent, le jeune magistrat semblait au point mort. Il avait profité du rapprochement diplomatique voulu par Nicolas Sarkozy pour se rendre au Rwanda.

Sur place, il a semblé donner du crédit à la thèse d’un attentat fomenté par les extrémistes hutus, celle que défend le régime de Paul Kagamé. La théorie échafaudée a du mal à résister aux témoignages des officiers supérieurs rwandais qui se sont exilés ces dernières années. Le juge a notamment auditionné un ancien directeur de cabinet du Ministre de la Défense et c’est son témoignage qui relance l’enquête. Jean-Marie Micombero aujourd’hui réfugié en Belgique, sous la protection de la police donne tous les détails de la préparation d’un attentat, monté comme une opération de guerre. Il répond à toutes les questions. Son récit conviendra à tous ceux que fascine le complot, ceux qui croient les hommes formés au secret capables du pire cynisme, ceux qui se demandent toujours à qui profite le crime. Mais dans un an, quand on célèbrera le 20° anniversaire du génocide, on saura peut-être enfin qui a fait sciemment le pari de relancer la guerre civile au Rwanda et de provoquer le dernier génocide du vingtième siècle. S’il s’agit de Paul Kagamé, le mal aura été bien calculé. La vérité avance, sinon la justice как улучшить имидж компании