Retour du « sabot » à Rabat. La colère monte
A Rabat, la pose de sabot sera progressive, quartier par quartier.

Suspendus il y a quelques années, les sabots feront leur réapparition dans la capitale. La décision suscite des interrogations au sein du conseil communal et de la polémique sur les réseaux sociaux. Certaines circonscriptions refusent même d’appliquer les nouvelles directives. 



Le sabot est de retour à Rabat. La décision a été entérinée il y a quelques jours par la maire de la ville Asmae Ghlalou. La volonté est de donner un nouveau souffle à Rabat Parking qui fait face à de lourdes difficultés financières. Mais, cette décision ne plait guère aux habitants de la capitale, dont certains ont exprimé leur amertume sur les réseaux sociaux. Elle n’est pas du goût aussi de bon nombre d’élus qui estiment que l’objectif est « de sauver cette SDL au détriment des intérêts des citoyens ». Il est prévu que cette décision soit mise en œuvre de manière progressive, quartier par quartier, en commençant cette année par les quartiers Hassan et Agdal Ryad, avant de s’étendre aux autres quartiers dès l’année prochaine. Certaines circonscriptions comme celle de Hassan refuse expressément d’appliquer cette directive, qu’elle juge «aberrante ». L’un des responsables au sein de cette circonscription, qui requiert l’anonymat, confie à l’Observateur du Maroc et d’Afrique, que cette région n’abrite pas des administrations. Elle est considérée plutôt comme zone d’habitation. « Les concernés seront obligés de payer alors que leurs voitures sont stationnées en bas de chez eux. C’est inadmissible », s’insurge-t-il. Il ajoute aussi que la ville a d’autres priorités plutôt que de se focaliser sur ces dossiers.

La commune de Rabat a suspendu complètement la verbalisation par sabot en janvier 2017. Depuis, la santé financière de Rabat Parking, chargée d’organiser le stationnement dans la capitale et détenue à 51% par la ville, n’a cessé de se dégrader. Sa pérennité est en jeu. La SDL a été même épinglée par la Cour des comptes dans un rapport accablant. En cause: la mauvaise gestion du secteur ainsi qu’un train des dépenses non maîtrisé. Selon le dit rapport, le chiffre d’affaires de Rabat Parking a été amputé de plus de 37% en à peine 4 ans passant ainsi de 21,5 millions de dirhams en 2014 à 14,1 millions de dirhams en 2018. Le mangement de la SDL renvoie cette baisse drastique à l’arrêt de la verbalisation par le sabot. Une décision qui expliquerait à elle seule la disparition de 7 millions de dirhams de recettes selon la SDL qui souligne que le stationnement en voirie était la principale source de revenus. La Cour des comptes pointe du doigt aussi la Commune de Rabat, chargée de la gestion du stationnement à, car elle n’a pas usé du pouvoir dont elle dispose pour assurer le suivi et le contrôle du service et prendre les mesures nécessaires suite aux manquements du délégataire. Le rapport indique aussi qu’aucun contrôle n’est assuré par la commune sur l’ensemble des parkings existants sur son territoire qui sont gérés par d’autres intervenants

A travers la nouvelle décision prise aujourd’hui, la mairie tente de rectifier le tir : sauver la SDL et donc augmenter les recettes de la ville. La mairie a même annoncé la création d’une équipe de police administrative chargée de faire respecter les règles de stationnement dans la ville.