Le Palais Royal recadre le PJD
S.M le Roi Mohammed VI. "l’instrumentalisation de la politique extérieure du Royaume dans un agenda partisan interne constitue ainsi un précédent dangereux et inacceptable »

Le PJD, on le sait maintenant, essaie de remonter sur le ring après le fameux KO subi lors des dernières élections législatives. Quoi de plus normal, c’est même la raison d’être de tout parti politique. Sauf qu’il y a la manière. Et là le PJD recourt à ce qu’il sait faire le mieux le chantage.

Il y a une question internationale qui sert toujours, la question palestinienne. Et le PJD veut l’exploiter à fond et donc, il revient au rétablissement des relations entre le Maroc et Israël. Or, première chicane, les accords d’Abraham ont été signés par un chef du gouvernement du PJD et personne n’a vu de révolution ou de protestation au sein de ce parti. Et, cerise sur le couscous, même le SG actuel avait exprimé son adhésion. Que s’est-il passé entre-temps? Absolument rien. Le Maroc tient toujours sa position, rétablissement des relations avec Israël et soutien aux Palestiniens. Le Roi Mohammed VI est toujours président du Comité Al Qods.

Le Secrétaire général du parti islamiste croit toujours que la fibre palestinienne peut le sortir de la grotte dans laquelle les Marocains l’ont renvoyé. Soit. Que pense-t-il de son parrain tout aussi islamiste, le président de Turquie qui est allé plus loin dans le rétablissement de ses relations avec Jerusalem? Rien? Pourtant, le PJD se nourrissait de l’idéologie de Tayyep Recep Erdogan. Pourquoi cette contradiction? Voilà donc un point sur lequel on aimerait avoir une explication. Qui n’arrivera pas, on peut en être sûr.

Un autre point tout aussi important. Sur la scène africaine, le Maroc mène une bataille très dure face aux Algériens et aux Sud-africains qui, comme par hasard, exploitent le même filon que le boss du PJD, la Palestine. On sait qu’ils se sont opposés à l’admission d’Israël comme membre observateur de l’Union africaine. Si le SG pu PJD avait un peu de discernement, il aurait compris qu’il n’était pas vraiment nécessaire de faire feu de l’intérieur alors que les tirs ne cessent pas de l’extérieur.

C’est une question de patriotisme. Il est légitime de lutter pour revenir en politique, mais on peut concevoir qu’il puisse y avoir des limites. En passant, on s’étonne que le SG du PJD ne réagit jamais quand le Maroc subit des attaques, souvent terribles, sur sa cause première, l’intégrité territoriale. On ne l’a jamais vu mordre ses babouches de colère contre les ennemis du Maroc. Par contre, quand il s’agit de la Palestine, il croit qu’il peut gagner des points. Or, même les Palestiniens le savent, le PJD ne soutient que le Hamas, pas tous les Palestiniens. C’est une question tranchée. Au même moment, la diplomatie marocaine, qui suit les orientations royales, ne fait aucune différence entre eux. Et contrairement au PJD, elle agit sur le terrain.

Capter l'opinion publique est un art

C’est pourquoi il est tout de même compliqué de comprendre cette sortie pijidiste. Est-ce qu’il veut dire que le Maroc ne soutient pas les Palestiniens? Pourtant, il connait la position officielle de son pays. Et le communiqué du cabinet royal le lui a rappelé: « La position du Maroc envers la question palestinienne est irréversible, et elle constitue l'une des priorités de la politique étrangère de Sa Majesté Le Roi, Amir Al-Mouminine et Président du Comité Al-Qods ». Premier recadrage.

Et voici un autre rappel: « La politique extérieure du Royaume est une prérogative de Sa Majesté Le Roi, que Dieu L’assiste, en vertu de la Constitution, que le Souverain exerce conformément aux constantes nationales et aux intérêts suprêmes de la patrie, et à leur tête la question de l’intégrité territoriale ». Deuxième recadrage.

Par conséquent, le chantage ne marche pas parce que "l’instrumentalisation de la politique extérieure du Royaume dans un agenda partisan interne constitue ainsi un précédent dangereux et inacceptable ». Il s’agit des intérêts suprêmes du pays, ce n’est pas un jeu. Et quand c'est dangereux, il faut en répondre.

Est-ce que le SG du PJD comprend ces messages? Même s’il les comprend, pas sûr qu’il se calme. Il croit toujours qu’il peut monter encore sur le cheval palestinien. Or, il aurait gagné beaucoup plus de sympathie en répondant aux soucis quotidiens des citoyennes et citoyens marocains.

On n’a pas eu droit à ses lumières lorsque les prix du carburant ont flambé, lorsque le prix de la viande et du poulet ont irrité les Marocaines et les Marocains ou encore lorsque Yacine Bounou, le gardien de but de l’équipe nationale et de Séville a été sorti du stade sur une civière.

Est-ce qu’il a dit quelque chose sur l’accusation de viol de Achraf Hakimi? Non? Normal, ces gens ne savent pas capter l’opinion publique. Il faudrait peut-être qu’ils fassent une mise à jour. Les partis turcs, qui savent faire la part des choses et connaissent les vrais enjeux, se rangent du côté de leur président. Et, il faut le faire, vu les grandes divergences d’opinion qui séparent les deux camps. C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir un minimum d’intelligence pour conduire un parti politique. Et au PJD, tout le monde n’a pas cet instinct de vautour qui se nourrit de chantages. Seulement, il n’y a qu’une personne qui a droit à la parole. Démocratiquement.