Le Parlement européen met à nu Tebboune
Cette résolution sonne comme une gifle à la face de Tebboune

Après l’ONU et le département d’État américain, le parlement européen daigne enfin dénoncer le piétinement des droits de l’Homme et la répression contre la presse commis en Algérie par Tebboune & Cie.

Le silence du parlement européen sur les crimes commis par le régime algérien contre des défenseurs des droits de l’Homme et des journalistes devenait trop assourdissant pour ne pas être, enfin, brisé.

Se disant peut-être qu’il valait mieux tard que jamais, l’institution législative européenne vient de voter, enfin, à une écrasante majorité, ce jeudi 11 mai, une résolution sur mettant à nu Tebboune & Cie sur des questions relatives aux libertés de la presse et aux libertés d’expression en Algérie. Le cas le plus flagrant qui a été mis en avant est celui d’Ihsane El Kadi. Ce journaliste et patron de presse a été condamné, en avril dernier, à 5 ans de prison ferme pour avoir osé critiqué le régime en place au palais d’El Mouradia.

La session de rattrapage du parlement européen intervient quatre mois après l’adoption par cette institution de la résolution controversée contre le Maroc. Certains euro-députés étaient dépités de ce parti pris.



Toutefois, la différence est nette entre la résolution impulsée par des macronistes contre le Royaume et celle votée contre l’Algérie. Manquant de fond, la première a obtenu 356 voix favorables, tandis que la deuxième en a reçu 536.

Les eurodéputés devaient sauver leur crédibilité envers leurs électeurs. Ceux-ci ont dû entendre la rapporteure spéciale des Nations Unies crier, en février dernier, sa préoccupation quant à la répression croissante contre la société civile par les autorités algériennes. Réagissant à la dissolution de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) et du Rassemblement actions jeunesse (RAJ), deux des plus importantes associations de défense des droits de l'homme en Algérie, Mary Lawlo avait lancé : «Les actes d'intimidation, de réduction au silence et de répression contre le mouvement des droits humains en Algérie doivent cesser».

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Plus récemment, le département d’État américain a tancé le régime oppresseur algérien à travers son dernier rapport sur les droits de l’Homme. Les auteurs de ce document ont publié un long réquisitoire contre ce régime. Ils ont notamment évoqué «des cas de torture ou peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants infligés par des membres des forces de sécurité, des arrestations et détentions arbitraires, des prisonniers politiques, la répression transnationale contre des individus dans un autre pays, de graves problèmes d'indépendance du pouvoir judiciaire, l’ingérence illégale dans la vie privée, de graves restrictions à la liberté d'expression et aux médias, notamment des arrestations et des poursuites injustifiées de journalistes».

Les eurodéputés pouvaient-ils continuer à faire la sourde oreille face à ces condamnations ?

«Tebboune dégazze»

Utilisé par Tebboune comme instrument de chantage, le gaz pourrait expliquer la complaisance de certains eurodéputés envers le régime algérien. Un silence qui a donné, momentanément, de l’assurance au locataire d’El Mouradia. Ce dernier multipliait les sorties pour redorer son blason. Il s’était même montré avec des journalistes, dont le correspondant régional de RSF Khaled Drareni à l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse célébrée le 3 mai. Or, ce journaliste algérien est lui-même victime du harcèlement juridique dans son pays, lui qui est interdit de quitter l’Algérie depuis plus de 2020. Ne s’embarrassant pas des contradictions et semblant avoir aimé ce nouvel exercice, le président algérien est réapparu le 6 mai entouré d’une vingtaine de journalistes.

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La résolution du parlement européen sonne donc comme une gifle à la face de Tebboune, au grand dam de ses soutiens, «polisariophiles», du Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne. Maintenant qu’il fait plus chaud, certains votants se seraient peut-être décidés à le secouer en se disant qu’ils ne risquaient plus de voir leurs concitoyens mourir de froid, faute de gaz algérien.

Il s'agit quand même de la quatrième résolution du genre, après celles du 28 novembre 2019 sur la situation des libertés en Algérie, du 26 novembre 2020 sur la détérioration de la situation des droits de l’homme en Algérie, en particulier le cas du journaliste Khaled Drareni, et du 3 mai 2022 sur la persécution des minorités fondée sur les convictions ou la religion.

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