Que cherche la Chine aux Pays-Bas?
Le vice-premier ministre hollandais Wopke Hoekstra et le ministre des Affaires étrangères de Chine Qin Gang

Qu’est-ce qui marche si bien en Hollande et que toutes les puissances lui envient? Qu’est-ce qui donne de la puissance à ce pays européen qui tient dans sa main le présent et l’avenir de tout le marché mondial des produits électroniques? Ce pays fabrique les machines qui impriment les circuits électroniques. Là où on fabrique des puces, il y a les Pays-Bas. Et la Chine le sait.

Le procédé de fabrication de puces emploie un faisceau de lumière dont la longueur d'onde est réduite de 193 à 13,5 nanomètres. Un saut technologique qui permet d'augmenter la finesse de gravure sur le semi-conducteur, qui peut donc accueillir plus de transistors : la puce est alors plus rapide et plus puissante.

Que veut dire la réduction d’un faisceau de lumière de 193 à 13,5 nanomètres? Cela veut tout dire dans le monde technologique d’aujourd’hui. Cette percée permet d’augmenter la finesse de gravure sur le semi-conducteur et donc fabriquer plus de transistors, cet élément clé indispensable à tous les produits électroniques. 

Cette technologie, appelée lithographie par rayonnement ultraviolet extrême (EUV) a été développée par la société hollandaise SML en collaboration avec les sociétés allemandes Trumpf et Zeiss. En matière de miniaturisation des processeurs on ne fait pas mieux. Ils s’agit de réduire au maximum l'épaisseur du trait du dessin des circuits imprimés sur la puce. Plus c’est petit, plus on peut en imprimer sur les galettes de silicium, les wafers, qui coûtent très cher à fabriquer puisqu’il faut pas moins de 1400 opérations avant d’y arriver en commençant par le sable. 

Pourquoi est-ce important? Tout simplement parce que toutes les sociétés qui fabriquent les puces électroniques achètent leurs machines de lithographie à SML. 

On comprend la rencontre entre le ministre des Affaires étrangères de Chine Qin Gang et le vice-premier ministre hollandais Wopke Hoekstra. La Chine veut produire les puces électroniques chez elle et ainsi échapper aux vicissitudes du marché international très politisé. Justement les Etats-Unis avaient décidé de limiter la fourniture de technologies développées à la Chine et la Hollande a suivi. Et c’est en mars de cette année que le pays des tulipes a décidé de durcir les restrictions d’exportation des équipements de production de semi-conducteurs. 

"Compte tenu des développements technologiques et du contexte géopolitique, le gouvernement est arrivé à la conclusion qu'il est nécessaire, pour la sécurité nationale et internationale, d'étendre le contrôle existant des exportations d'équipements de production de semi-conducteurs spécifiques », argumentait la ministre néerlandaise des Affaires étrangères Liesje Schreinemacher, dans une lettre adressée à l’Assemblée nationale. 

Suite à la crise des semi-conducteurs tous les grands pays industriels ont décidé d’encourager, à force d’énormes subventions, leurs entreprises à investir en masse dans cette activité pour éviter la rupture de la chaîne. Quand un fabriquant automobile ne trouve pas les capteurs nécessaires à la gestion électronique de son véhicule, il peut fermer. Tout marche à la puce aujourd’hui et demain l’électronique s’étendra à d’autres activités et d’autres produits.