Attention guerre des gangs. En France les balles perdues font des victimes
A Pissevin, la police ne peut que regarder

Un enfant de dix ans a perdu la vie lundi soir à Nîmes, touché par balles dans une fusillade dans le quartier populaire de Pissevin, sans doute victime de la guerre entre trafiquants de drogues qui gangrène plusieurs quartiers de cette ville. Ici, 70% des 13.000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage atteint 46%. Avis aux Marocains qui veulent aller en France, prudence!

"Nîmes: un enfant de 10 ans tué lors de ce qui semble être un règlement de comptes entre trafiquants. 

"Suite à des échanges de tirs au sein du quartier Pissevin, un enfant de 10 ans est décédé cette nuit. Un homme a en outre été victime des tirs de balles. Les jours de ce dernier ne seraient plus en danger", a précisé la procureure de la République de Nîmes Cécile Gensac.

Des sources policières et proches de l'enquête ont indiqué à l'AFP que le garçon se trouvait à l'arrière d'un véhicule pris pour cible aux alentours de 23h30. L'homme blessé est le conducteur, son oncle, âgé de 28 ans. Un autre enfant se trouvant à l'arrière, âgé de 7 ans, est lui sorti sain et sauf.

Selon ses déclarations aux enquêteurs, le conducteur pensait que son neveu de 10 ans était sorti de la voiture lors des tirs, mais ce dernier, touché par balle, était en fait coincé dans sa ceinture de sécurité à l'extérieur du véhicule et aurait donc été trainé sur la chaussée sur près de deux kilomètres.

De source policière, l'oncle de l'enfant n'est pas connu de la police. Il a trois impacts de balles dans le dos mais son pronostic vital n'est pas engagé.Toujours de source policière, les tireurs seraient au nombre de quatre. Ils étaient toujours en fuite et recherchés mardi matin.

Choqué et révolté

Dimanche, un adolescent de 14 ans avait été blessé par balles non loin de là, par des tireurs circulant à bord d'une Renault Clio. Selon une piste envisagée par les enquêteurs, la Mégane de l'oncle qui ramenait les deux enfants aurait pu être confondue par les tireurs avec la Clio utilisée la veille.

Ce quartier de Pissevin est le même où un homme de 39 ans avait été abattu en janvier, déjà dans une fusillade sur fond de trafic de stupéfiants.

Selon des chiffres de l'ex-procureur de Nîmes, Eric Maurel, une quinzaine de règlements de compte avaient fait huit morts à Nîmes en 2020 et trois en 2021, dont un adolescent de 17 ans. La plupart de ces homicides avaient eu lieu à Pissevin, au Chemin Bas et au Mas de Mingue, trois secteurs périphériques de Nîmes constitués de barres d'immeubles et de tours.

Ces trois quartiers avaient été créés dans les années 1960 pour loger des populations issues de l'exode rural, des rapatriés d'Afrique du Nord puis des travailleurs immigrés. Tous trois partagent des indicateurs socio-économiques alarmants. A Pissevin, 70% des 13.000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage atteint 46%.

"Ces assassinats sont en lien direct avec le narcobanditisme et sont des règlements de compte dans le cadre soit de guerres de territoire, soit de conflits commerciaux", avait alors précisé Eric Maurel, estimant que Nîmes était devenue quasiment "une centrale d'achat de la drogue".

Le quartier de Pissevin, dit de "reconquête républicaine", avait fait parler de lui en juin quand un journaliste reporter d'images y avait été agressé par deux hommes. La mairie avait alors décidé d'y fermer jusqu'à nouvel ordre la médiathèque municipale, évoquant l'aggravation des violences liées aux trafics de drogue.

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