La France célèbre ses Harkis au grand dam de l’Algérie
Après des décennies d'abandon et de lutte, les Harkis ont été petit à petit reconnus et indemnisés

Les Harkis sont des personnes qui vivaient sur le sol de l’Algérie, qui était française à l’époque, et qui ont combattu pour la France. Après la guerre, ils ont subi la vengeance de ce qui est devenu l’Algérie mais aussi l’abandon total par la France.

Un grand jour pour les Harkis, un drame pour le pouvoir algérien. Hier, à Paris une cérémonie leur a été dédiée en présence de Patricia Miralles, la secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire. La France exprime ainsi, chaque 25 septembre, sa reconnaissance des sacrifies que ces « Algériens » ont consentis et des mauvais traitements qu’ils ont subis à la suite de leur engagement pour l’armée française durant la guerre d’Algérie. La cérémonie nationale d’hommage a eu lieu à l’Hôtel national des Invalides. 

L’histoire des harkis est un immense drame. Et la Secrétaire d’Etat a expliqué dans son discours lors de la cérémonie, leur double abandon: 

« Le premier a lieu en Algérie car, quand la guerre prend fin pour les soldats français venus de métropole, les représailles s’abattent sur les Harkis et leurs familles qui découvrent avec horreur l’irréversibilité des choix. Des milliers d’entre eux se voient refuser l’embarquement pour la France et sont abandonnés à un avenir sanglant », rappelle-t-elle. Effectivement, la chasse aux harkis a été sans pitié.

Ensuite, il y a ceux qui ont pu traverser la Méditerranée pour échapper aux représailles. Ils croyaient pouvoir recevoir un peu de reconnaissance. Espoirs déçus parce que, déplore la Secrétaire d’Etat, « ceux qui parviennent à rejoindre le pays pour lequel ils ont combattu font l’expérience d’un second abandon. Avec leurs familles, ils ne sont pas accueillis, et pour beaucoup sont parqués dans des camps, des hameaux de forestage, dans des conditions où la précarité le disputait à l’indignité ». 

Le drame était tel que des enfants de Harkis étaient enterrés, il y a 60 ans, de manière sauvage. Leurs parents continuent encore à chercher leurs restes pour leur  offrir enfin une sépulture digne. 

L’Etat français a voulu réparer cette injustice envers des personnes qui ont combattues pour lui. Et après 60 ans d’attente, une loi a été votée à l’assemblée nationale et au Sénat, le 22 février 2022, ouvrant « droit à réparation pour les Harkis et leurs familles qui ont séjourné dans des camps de transit et des hameaux de forestage entre mars 1962 et la fin de l’année 1975 ».

10.000 dossiers ont été traités offrant un montant moyen de plus de 8.500 euros à chaque Harki pour un total de 73 millions d’euros. 

En Algérie, le mot Harki est une insulte. Le pouvoir militaire considère toujours que ces combattants étaient et restent des traitres. La colère est donc totale contre l’Etat français qui semble remuer le couteau dans la plaie. 

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