Crise des manuels scolaires. L'heure de la réforme a sonné
Les manuels scolaires sont devenus essentiellement un produit commercial, selon le conseil de la concurrence.

Modèle économique obsolète, une qualité sacrifiée au profit de la quantité, dépendance excessive aux fonds publics… le marché du livre scolaire au Maroc traverse une crise profonde. Le Conseil de la Concurrence sonne l'alerte et plaide en faveur d'une réforme urgente.

« Le marché du livre scolaire repose sur un modèle économique désuet, maintenu artificiellement par des financements publics et semi-publics, ne correspondant plus à la réalité économique », estime le conseil de la concurrence dans un récent avis intitulé «Avis sur le fonctionnement concurrentiel du marché du livre scolaire». Le rapport ajoute que ce secteur est aux prises avec des problèmes profonds qui menacent gravement le système éducatif du pays.

Un modèle économique archaïque

Selon le conseil de la concurrence chaque année, entre 25 et 30 millions de manuels sont produits, conçus pour une utilisation unique, ce qui génère un énorme gaspillage de ressources et d'énergie. La qualité des manuels a également souffert de cette production de masse, les droits d'auteur ne représentant en moyenne que 8% du prix des manuels.

De plus, le rapport note que les manuels scolaires sont devenus essentiellement un produit commercial, générant la majorité des revenus des éditeurs et des libraires. La dépendance croissante aux fonds publics a été accentuée récemment par l'octroi de subventions par l'État, limitant la hausse des prix de vente publics des manuels scolaires à seulement 25%. Cette dépendance financière est exacerbée par l'augmentation significative des coûts des matières premières, notamment une hausse de plus de 103% des prix du papier.

Une réforme urgente s’impose

Face à ces constats alarmants, le conseil de la concurrence émet 9 recommandations pour une transformation du marché des manuels. Parmi elles, une révision du modèle économique pour encourager l'innovation, impliquant l'État, le secteur privé et le monde académique. Il suggère également une réforme profonde du rôle du ministère de l'éducation pour faire du manuel scolaire une priorité nationale. Aussi, il propose de mettre en place un cadre légal transparent et sûr avec la révision des programmes scolaires en collaboration avec toutes les parties prenantes.

La souveraineté de l'État sur la production des manuels officiels doit être affirmée, selon le conseil de la concurrence qui plaide pour une responsabilisation des enseignants dans le choix des manuels et appelle à une réforme profonde pour garantir un accès équitable aux manuels scolaires et améliorer la qualité de l'éducation au Maroc.