Afrique. Un vivier de talents inexploité
Les universités africaines devraient produire environ 1,5 million de diplômés hautement qualifiés en 2023.

L'Afrique devrait produire 1,5 million de diplômés en 2023, offrant une solution à la pénurie de talents mondiaux, selon une nouvelle étude révélée par l’UM6P.

Une nouvelle étude commandée par l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) identifie les talents africains comme une solution à la pénurie mondiale de talents. « L'Afrique est en train de préparer le terrain pour de nouvelles façons de travailler et de penser, mais de nombreux dirigeants d'entreprises continuent de négliger l'immense potentiel des talents africains », souligne le président de l’université, Hicham El Habti à l'occasion de la présentation des résultats de l'étude en question à l'occasion de "voix de l'Afrique " tenu en marge des assemblées BM-FMI. Il ajoute aussi que « cette étude vise à réduire cet écart en examinant les deux facettes de la situation : d'un côté, les jeunes talents ambitieux qui émergent des universités africaines, et de l'autre, la demande en talents qualifiés au sein des entreprises à l'échelle mondiale ».

Potentiel inexploité

« Les universités africaines devraient produire environ 1,5 million de diplômés hautement qualifiés en 2023, pour atteindre environ 1,9 million par an d'ici la fin de la décennie », souligne l’étude ajoutant que « malgré ce nombre croissant et la pénurie de talents signalée à l'échelle mondiale, moins de la moitié (48 %) des dirigeants d'entreprises reconnaissent les talents africains comme une solution».

L'étude met également en évidence l'excédent de compétences techniques dont disposent les talents africains, y compris des compétences fondamentales pour résoudre les objectifs de développement durable des Nations Unies.

Appel à la mobilisation

L'étude souligne l'urgence de la pénurie de talents critique au sein des organisations mondiales, avec 62 % des dirigeants d'entreprise signalant un impact négatif sur les revenus de leur organisation en raison de cette pénurie. De nombreuses opportunités sont à portée de main, car les grandes entreprises affichent en moyenne 381 postes vacants, un chiffre qui devrait augmenter à 1 312 d'ici 2030. Toutefois, malgré ces chiffres, les entreprises mondiales continuent de sous-estimer le vivier de talents africains pour résoudre ce problème (selon 73 % des représentants d'universités).

Talents africains pour la durabilité mondiale

L'Afrique se trouvant en première ligne de l'urgence climatique, les entreprises devraient chercher à exploiter les talents africains pour contribuer à relever les principaux défis de durabilité du XXIe siècle. L'étude montre que les diplômés possèdent les compétences essentielles pour contribuer aux objectifs mondiaux en matière d'environnement, en plus de combler les postes vacants nécessitant des compétences spécialisées. Par exemple, environ 32 % des diplômés possèdent des compétences en réglementation et en politique environnementale, essentielles pour la réalisation de l'objectif de développement durable 13 des Nations Unies : Action pour le climat.

Soutenir l'entrepreneuriat en Afrique

L'Afrique encourage vivement les étudiants à bâtir leur carrière sur le continent ou, à tout le moins, à rapporter leurs connaissances sur place. Selon 78 % des dirigeants d'entreprises, l'exode des talents à l'étranger pour poursuivre leurs études constitue l'une des plus grandes menaces pour les entreprises internationales cherchant à établir des activités durables en Afrique. Les opportunités résident dans la création de partenariats productifs et la promotion de l'entrepreneuriat : 65 % des représentants d'universités estiment que les entreprises passent à côté du vivier de talents africains en ne collaborant pas avec les universités du continent, dévoilant ainsi une occasion manquée d'exploiter le travail novateur en cours sur ce marché. Il est à noter que les diplômés privilégient de plus en plus l'entrepreneuriat et les start-ups au lieu de choisir des emplois en entreprise. En effet, 80 % des représentants d'universités considèrent que les start-ups africaines sont une option de carrière populaire pour les diplômés du continent.