Séisme d’Al Haouz. De précieuses pistes pour une reconstruction durable

Pragmatisme et innovation marquent ces recommandations pratiques ayant été émises pour la reconstruction des zones touchées suite au séisme d’Al Haouaz de la part des organismes privés et publics réunis dans le cadre de l’initiative citoyenne OTED. Ces recommandations tiennent compte des besoins et des aspirations des bénéficiaires, comme l’avait préconisé le Roi Mohammed VI.

 

L’initiative citoyenne OTED a permis de mobiliser divers organismes publics et institutions privées ainsi que des représentants du monde associatif pour une réflexion d’ensemble en vue de soumettre aux autorités publiques des recommandations pratiques concernant la reconstruction des zones ayant été dévastées par le séisme du 8 septembre dernier. 

Mené par une centaine d’experts représentant la Société d’ingénierie énergétique, l’Agence Marocaine pour l’efficacité énergétique, le Laboratoire Public d’Essais et d’Études (LPEE), l’ONEE Branche Eau, l’Agence nationale des Eaux & Forêts, l’OFPPT, le Cluster Efficacité des matériaux énergétiques de construction, l’Association Marocaine d’Assistance et d’Accompagnement Psychologique et l’Association des lauréats de l’École Mohammedia des Ingénieurs (AEIM), ce vaste brainstorming a abouti à la publication d’un guide pratique pouvait aider à la reconstruction des zones sinistrées de manière optimale et durable. 

 La quarantaine de recommandations formulées, le 31 octobre, couvrent non seulement le domaine architectural, mais aussi les volets liés à l’efficacité énergétique, la gestion de l’eau potable, l’assainissement liquide et des déchets. Constituées de solutions innovantes et facile à implémenter, ces recommandations prennent aussi en compte l’engagement communautaire et la valorisation du patrimoine naturelle du Haut Atlas. 

«EcoDouars, entre souhaits des habitants, respect du patrimoine et exigence de la nature» a été le fil conducteur de l’action d’intelligence collective, menée le 4 octobre, ayant abouti à la publication de ce guide et des recommandations qui vont avec.

Lire Recommandations : OTED 

Il a été notamment recommandé de : 

•          Généraliser et professionnaliser le travail de concertation citoyenne et poursuivre les consultations citoyennes avec les populations locales pour identifier des besoins spécifiques et garantir que les actions entreprises sont en accord avec les réalités sur le terrain. 

•          Favoriser la création de coopérative de reconstruction et créer des commissions de pilotages communales en charge de superviser de manière globale les projets de reconstruction et assurer le respect de la démarche et des prérequis techniques. 

•          Assurer une montée en compétences professionnelles et mettre en place un programme de formation accéléré ciblant en priorité les jeunes des Douars, pour promouvoir de nouvelles compétences professionnelles nécessaires à la reconstruction durable, notamment et dans un premier temps, dans les domaines de la construction écologique et de la gestion des ressources. 

Des douars pilotes pour la mise en œuvre de ces solutions  

Pour la mise en œuvre efficiente de ces solutions, le guide recommande de favoriser les échanges d’expertise entre les douars en mettant en place des plateformes conséquentes. Et afin de permettre une meilleure application de ces solutions sur le terrain, avec un suivi efficace, les experts se sont entendus sur l’opportunité de les tester dans quelques villages pilotes avec l'intention d'ajuster les actions et d’offrir des benchmarks internes.  

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Recommandations générales

Partager les prérequis techniques : Développer des guides solutions détaillés (sous forme écrite et vidéo) pour encadrer tous les aspects techniques liés à la reconstruction et couvrant les divers secteurs abordés. Ils serviront de ressource pour mener les différents chantiers de la reconstruction de manière durable. 

Assurer une montée en compétences professionnelles : Mettre en place un programme de formation accéléré ciblant en priorité les jeunes des Douars, pour promouvoir de nouvelles compétences professionnelles nécessaires à la reconstruction durable, notamment et dans un premier temps, dans les domaines de la construction écologique et de la gestion des ressources.

Mise en œuvre 

Favoriser les échanges d’expertise entre les douars en mettant en place des plateformes conséquentes.

Décliner rapidement des pilotes: Démarrer la reconstruction dans quelques villages pilotes (Al Houz Villages de Tadmamat, Bouyzgarn, de Toulkine, Chichaoua Village de Targa) pour mettre en œuvre les actions préalablement définies, avec l'intention d'ajuster les actions et d’offrir Principes de base des solutions proposées des benchmarks internes.

Participation communautaire

La communauté locale est au cœur du processus de reconstruction. Les solutions sont élaborées en étroite collaboration avec les habitants pour répondre à leurs besoins et à leurs aspirations.

Respect de la culture et des traditions

Les solutions s'efforcent de préserver et de célébrer la richesse culturelle et les traditions locales des territoires touchés. L'intégration de l'architecture traditionnelle, des pratiques agricoles ancestrales et des éléments culturels est essentielle.

Durabilité environnementale

Les solutions intègrent des pratiques respectueuses de l'environnement. L'utilisation de matériaux locaux et durables, la gestion efficace des ressources naturelles et la promotion des énergies renouvelables sont privilégiées.

Résilience Sismique

La reconstruction tient compte des risques sismiques de la région en intégrant des normes de construction résilientes aux tremblements de terre, ainsi que des systèmes d'alerte précoce et des plans d'évacuation. 

Innovation et Technologie

Les solutions intègrent des innovations technologiques telles que les énergies renouvelables, la connectivité numérique et l'intelligence artificielle pour améliorer la qualité de vie des habitants et renforcer la gestion des infrastructures.

Éducation et Formation

Des programmes de formation sont proposés pour doter la population locale des compétences nécessaires à la reconstruction durable, notamment dans les domaines de l'agroécologie, de la construction écologique et de la gestion des ressources.

Inclusion sociale

Les solutions visent à assurer l'inclusion de tous les groupes de la population, y compris les femmes, les jeunes et les personnes âgées. L'égalité des sexes et l'accès équitable aux ressources sont des priorités.

Collaboration et partenariats

La mise en œuvre des solutions repose sur la collaboration entre les parties prenantes, les organisations locales, les autorités gouvernementales et la société civile. Des partenariats solides sont encouragés.

Évaluation et adaptation continue

Les solutions sont conçues pour être flexibles et évolutives. Un processus d'évaluation régulière permettra d'ajuster les stratégies en fonction des besoins changeants de la communauté

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Recommandations spécifiques 

L’engagement communautaire dans les communautés locale, accompagné par le tiers secteur, doit favoriser le développement endogène des écodouars par la co-construction d'un avenir souhaité, la promotion du génie du territoire, une gouvernance locale de la reconstruction réinventée et une mise en réseau novatrice.

Un écodouar, est une agglomération rurale , ayant une perspective de développement reposant sur trois axes : un modèle économique alternatif, une place prépondérante accordée à l'écologie et une vie communautaire active.

Le défi majeur de chaque écodouar sera de créer un milieu harmonieux pour que chacun de ses membres puisse s’y réaliser dans ses qualités et compétences propres, en respectant les autres et l’environnement.

Dans le rapport du NMD, il est important de noter que le tiers-secteur est défini comme : « l’ensemble des acteurs à l’intersection des secteurs public et privé, (associations, coopératives, mutuelles) qui engagent des activités économiques à visée sociale, organisées de m anière autonome et gérées de manière collégiale, avec une lucrativité limitée et à échelle locale avec un fort engagement des communautés concernées. Le tiers-secteur s’est organisé en réponse à des besoins que ni l’Etat ni le marché ne parviennent à satisfaire avec efficacité ». 

Capacitation et formation 

Formation de facilitateur territorial par écodouar.

Pour la reconstruction, l’intervention publique devra composer avec une diversité d’acteurs et d’intérêts, confrontés à des enjeux de justice sociale et parfois de gestion des conflits. 

L"approche participative, ancrée dans les traditions des douars, reste un moyen de prendre des décisions plus consensuelles, voire plus justes, concernant les orientations et les stratégies de développement local. 

Cette participation doit être organisée et outillée. Sa mise en œuvre et sa dynamique dépend souvent de l’intervention de facilitateurs visant à faire interagir les acteurs et à développer ou maintenir en action le collectif, sans en influencer les décisions.

Le facilitateur territorial est un professionnel chargé de faciliter la participation et la collaboration entre les différentes parties prenantes impliquées dans le processus de reconstruction dans un contexte de développement local. Son rôle est essentiel pour garantir des décisions consensuelles et justes, promouvoir la justice sociale et gérer les conflits éventuels.

Les facilitateurs issus des douars peuvent être intégrés dans le programme gouvernemental Awrach et la formation enclenchée l’OFPPT.