L’AFP trop pro-Hamas? Les sénateurs français auditionnent les patrons
Le PDG de l'AFP Fabrice Fries (au centre) et le directeur de l'info Phil Chetwynd (à gauche) ont eu de la peine à convaincre les sénateurs français.

L’agence française de presse (AFP) est-elle impartiale dans la couverture des événements du Proche orient? Eh bien, il semble qu’il y ait besoin d’explication. C’est pourquoi les sénateurs français de la commission culturelle ont convoqué le PDG et le directeur de l’information de l’agence pour leur poser quelques questions relatives au sujet. Les réponses ont manqué de mordant.

Question d'un sénateur: « Pourquoi écrivez-vous « menace terroriste » au moment de l'attentat de Charlie Hebdo dans une ancienne dépêche et pas pour le Hamas ? ». Un des reproches qu’on fait  justement à l’agence c’est de ne pas qualifier les actes du 7 octobre de terroristes. 

La réponse du directeur de l’information Phil Chetwynd  est pour le moins inattendue de la bouche d’un professionnel du journalisme. Selon lui, il y a des cas où « notre style n’est pas respecté". Il n’a pas parlé de règles éditoriales, mais juste de style, une notion qui ne porte aucune contrainte. 

Il explique que c’est dû au fait qu’il y a beaucoup de stagiaires, de nouveaux entrants mais aussi des paresseux et d’autres moins bons que d’autres. Incroyable qu’une aussi grande agence avance des arguments aussi fantaisistes comme s’il n’y avait aucune rédaction en chef pour veiller à la justesse de l’information. Or, tout le monde sait que les articles sont lus et relus avant leur publication, surtout lorsqu’il s'agit de sujets brûlants. 

Comme l’explication n’a pas semblé convaincre les sécateurs, le directeur de l’information en a tenté une autre : Si l’agence évite d’employer le mot terroriste c’est pour « protéger nos journalistes ». Autrement dit, on peut sacrifier la vérité à la sécurité. Mais au moins cela veut dire que le non emploi du mot est une décision de la direction pas le fait de stagiaires ou de paresseux. Quelle idée, vraiment! 

Autre question abordée, les sources des chiffres des victimes de Gaza. Le directeur de l'info avoue que les journalistes puisent leurs chiffres uniquement chez les autorités du Hamas, qu'ils publient sans les précautions d’usage. Comme signaler que la source hospitalière dépend du ministre de la Santé qui est contrôlé par Hamas. Evidement avec ces précautions, ça change un peu le narratif. Mais le directeur de l’information ajoute que de toute façon vu la situation, les journalistes n’ont aucun moyen de vérifier les chiffres. Là encore, on publie ce que Hamas a bien voulu donner, sans la moindre question et sans préciser dans les articles que les données n'ont pas été vérifiées et qu’elles sont issues d’une seule et même source, le Hamas. 

C'est donc un mea culpa franc avec quand même une tentative de transmettre l'image d'une agence qui fait bien son travail dans le respect total des règles.