Méconnaissable, Simon Baker nous parle de son rôle dans Limbo

Quatre ans après avoir défendu son 1er long métrage « Breath » au FIFM, l’acteur et réalisateur australien connu pour son rôle dans la série Mentalist, revient au Festival de Marrakech pour parler de son nouveau personnage dans « Limbo », un polar noir signé Ivan Sen. Opérant un virage à 360°, Simon Baker, complètement méconnaissable, incarne avec brio Travis Hurley, un détective désabusé qui enquête sur la disparition d’une jeune femme aborigène, disparue il y a une vingtaine d’année. Le film a été bien accueilli lors de sa projection mardi 28 novembre dans le cadre des Séances de Gala.

La dernière fois, vous êtes venu à Marrakech présenter Breath. Vous revenez cette année pour Limbo. Quel est votre sentiment ?

Je suis très excité de revenir à Marrakech, j’adore ce festival. Dans les autres festivals, il y a beaucoup de pressions, pour vendre ou distribuer le film, mais pas ici. A Marrakech, on célèbre plus le cinéma international. Du coup, on est plutôt relax et cet endroit est juste magique, les gens sont formidables. En tant qu’Australien, c’est très différend de l’endroit où j’ai grandi, mais je me sens très à l’aise ici. Hier, j’ai été faire un tour dans les montagnes de l’Atlas, les paysages étaient magnifiques, j’ai adoré la simplicité de la vie là-bas. Un peu plus tard dans la journée, on a été dans le désert pour admirer le coucher de soleil. C’était une journée fantastique.

Dans Limbo, vous incarnez un personnage différent de ce que vous aviez l’habitude de faire. Pourquoi ce choix ?

Pendant toute ma carrière, je n’ai pas eu l’occasion d’interpréter un personnage comme celui de Travis. Avant, je jouais plutôt des personnages conventionnels, et là, j’ai adoré l’idée de ce revirement. Je suis arrivé à un certain âge où je peux me permettre de jouer certains personnages, les gens me font confiance et j’étais en confiance moi-même pour l’interpréter. C’est un défi pour certains acteurs d’incarner ce genre de personnages, pour d'autres , pas du tout, il ne s’agit pas de dire c’est bon ou mauvais, j’ai toujours voulu me mettre dans la peau de personnages qui ne me ressemblent pas du tout.

Vous avez changé de physique. Vous êtes à peine reconnaissable. Comment avez-vous vécu cette transformation ?

Pour moi, le fondement de chaque personnage vient de la compréhension de sa psychologie et de son côté émotionnel, de la façon dont il évolue depuis le début de l’histoire et comment cette dernière va l’impacter et le transformer au fur et à mesure. Le scénario est super bien écrit, il dévoile admirablement le côté humain du personnage, et explique pourquoi il en est arrivé là, à travers le traumatisme qu’il a vécu dans sa propre famille.

Comment avez-vous préparé ce rôle ?

Chaque fois que j’interprète un personnage, je le prépare d’une certaine façon. Des fois, je m’en éloigne un peu et je médite pour savoir comment je vais l’aborder. Pour ce personnage, j’ai beaucoup discuté avec le réalisateur Ivan Sen, il est très relié à l’espace dans lequel il évolue et à la façon de l’impacter. C’était plutôt une question de confiance, j’ai beaucoup d’expérience et je crois que j’étais confiant pour incarner Travis, alors j’ai puisé au plus profond de moi pour trouver quelque chose qui allait faire plus tard partie du personnage. J’ai trouvé cet exercice très difficile parce que ce n’est pas un personnage « étudié », ce genre de personnage fait appel aux sentiments, il se désengage du monde pour se protéger.

Le film relate le racisme et la discrimination contre les Aborigènes en Australie. En quoi cette histoire vous touche-t-elle ?

Il y a beaucoup de douleur concernant cette question en Australie. Chez nous, il y a ce qu’on appelle « The truth-telling » (Dire la vérité pour la réconciliation du peuple autochtone et panser les blessures du passé) qui consiste à exposer l’atrocité affligée à cette communauté et l’aspect inefficace de notre société à gérer ce problème, …le fait que le peuple aborigène ne soit pas traité de façon égalitaire. On voit bien dans le film le laisser-aller du système judiciaire lorsqu’il s’agit de crimes commis contre les indigènes de notre pays. Je crois fermement au Truth-telling, même si c’est très douloureux pour cette communauté de vivre cette injustice, et je pense que ce genre de films est très important pour ce processus qui consiste à révéler la vérité sur l’histoire de l’Australie.

Est-ce que c’était facile pour vous débarrasser de votre personnage Patrick Jane dans « The Mentalist » qui vous collait pendant des années à la peau ?