Pastèques. Les agriculteurs de Tata se révoltent
Pastèques à Tata : entre défis économiques et impacts environnementaux, les autorités face à un dilemme.

Un an après la régulation de la culture de pastèques à Tata pour faire face à la crise hydrique. Des agriculteurs de la région protestent et veulent une levée de ces restrictions.

La reprise des cultures de pastèques dans la province de Tata suscite actuellement des débats dans la région, un an après l'imposition de restrictions liées à la crise hydrique au Maroc. Les agriculteurs, exaspérés par ces mesures, se sont récemment réunis et ont décidé de coordonner leurs efforts pour plaider en faveur de la reprise voire même l’assouplissement des restrictions liées aux cultures de pastèques. Une première manifestation de protestation a eu lieu cette semaine avec la mobilisation de femmes de plusieurs douars, et d'autres actions sont prévues dans les jours à venir.

Lutte contre le stress hydrique

L'arrêté préfectoral de novembre 2022 avait été instauré en réponse à la sécheresse sévère affectant le Maroc. Il visait à limiter la surexploitation des nappes phréatiques en interdisant l'octroi de nouvelles autorisations de creusement de puits ainsi que l'agrandissement des puits existants. De plus, il restreignait l'utilisation de l'eau pour des cultures gourmandes en ressources hydriques, dont celles des pastèques. Les autorités locales avaient également déployé des équipes de contrôle pour assurer la stricte application de ces mesures, en cohérence avec la stratégie nationale de gestion d'urgence des conséquences de la sécheresse. Le militant associatif Jalil Rassou pense que  par l’interdiction de la culture de pastèque, le gouvernement opte pour la facilité au moment où il serait plus judicieux de recourir à des moyens comme l'infiltration des eaux de ruissellement, la construction de nouveaux barrages.

Rahal Basil, agriculteur issu de la région de Tata, note que la culture de la pastèque est réputée pour sa qualité et représente une source significative de revenus agricoles. Environ 70% de la production est écoulée hors de la région, notamment à Agadir, Casablanca et Marrakech, tandis que le reste est vendu localement. Dans les provinces du sud, cette culture contribue à l'augmentation du revenu agricole, générant un revenu net entre 60 000 et 75 000 dirhams par hectare et créant environ 50 journées de travail.

Défi complexe

Cependant, des études révèlent que la croissance d'une pastèque nécessite environ 750 litres d'eau par kilogramme, soit 7 mètres cubes et demi pour une petite pastèque de 10 kilos et 15 mètres cubes pour une pastèque de 20 kilos. Cette culture intensive, ultra-rapide et à forte consommation hydrique épuise les sols. De plus, entre la plantation et la récolte qui s'étendent sur environ 4 mois, aucune clause n'oblige les agriculteurs à remettre les champs en état naturel, ou du moins à ramasser et détruire les plastiques utilisés pour la culture. Basil souligne que le débat en cours met en lumière les enjeux délicats entre les besoins économiques locaux et les impératifs environnementaux. La province de Tata est ainsi confrontée à un dilemme entre la préservation de son activité agricole et la nécessité d'une gestion durable des ressources naturelles, suscitant l'attention quant à la direction que prendra la politique locale face à ce défi complexe.