Loi de finances 2024. La CGEM appelle à davantage d'audace
Chakib Alj, président de la CGEM.

Le président de la CGEM, Chakib Alj, exprime des réserves sur la Loi de Finances 2024, appelant à davantage d'audace et de complétude. Malgré des amendements obtenus, des inquiétudes persistent quant à certaines mesures.

« Nous aurions souhaité que cette loi de finances 2024 soit plus audacieuse et complète », déclare le président de la CGEM, Chakib Alj, lors d'un point de presse dédié à la Loi de Finances 2024. Selon lui, les chefs d'entreprises ont été surpris à la publication du Projet de Loi de Finances (PLF), notamment en ce qui concerne la réforme de la TVA vers une neutralité, jugée incomplète. Il exprime des inquiétudes quant à certaines mesures, telles que l'application d'une solidarité des dirigeants en matière de TVA, et les évolutions de taux de TVA ou de droits de douane sans consultation préalable avec les secteurs concernés. « Ces évolutions renvoient un message mitigé au monde de l'entreprise, et peuvent remettre en question des décisions et intentions d’investissement », met-il en garde.

Chakib Alj souligne que, grâce au travail de la commission fiscalité et douanes et du groupe parlementaire, la CGEM a réussi à convaincre en deuxième chambre sur certains points. Par exemple, le texte relatif à la solidarité des dirigeants a été amendé pour cibler les fraudeurs uniquement après une décision définitive de justice. La CGEM a également réussi à atténuer l'impact de certaines évolutions de TVA sur certains secteurs, obtenant des exonérations pour le secteur pharmaceutique et l'éducation, et la réduction de la TVA à 10% pour le transport de marchandises et les intermédiaires d'assurances.

Cependant, le président de la CGEM déplore certaines décisions, comme l'augmentation de la Taxe intérieure de consommation (TIC) et des droits de douane de 2,5% à 30% pour certains produits, estimant qu'elles renforceront l'informel au lieu de l'intégrer. Il assure que la CGEM continuera à travailler en coordination avec les différentes parties pour porter la voix de l'entreprise marocaine et formuler des recommandations pour les prochains exercices, visant l'amélioration de la recette par la croissance, l'élargissement de l'assiette via l'intégration de l'informel, et la baisse de la pression fiscale pour les opérateurs économiques.

Défis à relever

Cette rencontre a également été l'occasion de dresser un bilan des chantiers économiques de l'année 2023 et de mettre l'accent sur les défis à relever pour la prochaine période. Selon Chakib Alj, le Maroc a positionné l'investissement privé productif comme le moteur principal de son économie, visant à atteindre 2/3 d'investissement privé et à créer 500 000 emplois. Les défis liés à la réussite de l'organisation de la CAN 2025 et de la Coupe du Monde 2030 offrent d'innombrables opportunités. Pour les saisir, "notre tissu économique doit rester compétitif. L'environnement des affaires joue également un rôle déterminant, et la loi de finances n'en est qu'une composante", affirme le président de la CGEM.

La CGEM exprime des préoccupations quant au non-respect des engagements pris, notamment concernant la loi sur le droit de grève et la réforme du Code du Travail. La réforme de la formation professionnelle, jugée cruciale pour le développement du capital humain, n'est pas une priorité, malgré les alertes de la CGEM. Les entreprises continuent de faire face à des obstacles administratifs malgré les avancées théoriques de la simplification des procédures. La CGEM attend avec impatience des dispositifs spécifiques pour les TPME et l'opérationnalisation du Fonds Mohammed VI pour l'Investissement. Tout en soulignant les défis, la CGEM appelle à l"action rapide, soulignant le potentiel économique du Maroc. Elle réaffirme son engagement en tant que force de proposition et offre une collaboration constructive avec le gouvernement dans un partenariat public-privé pour stimuler la croissance économique durable.