Chaos en mer rouge. Le Maroc résiste aux turbulences
La crise en mer rouge a généré des perturbations significatives dans le trafic maritime. l'impact pour le Maroc reste limité.

La crise en mer rouge, scrutée par Allianz, a des impacts modérés au Maroc malgré une hausse notable des coûts de fret. Toutefois, une extension au-delà du premier semestre 2024 pourrait entraîner des conséquences plus graves.

Allianz Trade dévoile une étude sur les répercussions de la crise en mer rouge. Les conséquences actuelles restent modérées pour le Maroc. « Bien que les coûts de fret aient augmenté de 240% depuis novembre 2023, l'impact reste limité », note l’étude ajoutant par ailleurs « qu’une prolongation de la crise au-delà du premier semestre 2024 pourrait entraîner une augmentation de l'inflation mondiale de 0,5 point, une diminution de la croissance de 0,4 point, et un recul de 1,1 point du commerce mondial en 2024 ».

En gros, la crise en mer rouge a généré des perturbations significatives dans le trafic maritime, forçant les compagnies de fret à choisir des itinéraires plus longs et onéreux. Les conséquences sur l'inflation, le commerce mondial, et la croissance économique sont minutieusement analysées par Allianz Trade, soulignant le rôle crucial de la mer rouge, par où transite un tiers du trafic global de conteneurs et 40% des échanges Asie-Europe.

Impact modéré 

Allianz rassure cependant, soulignant que l'impact actuel demeure modéré, sans constituer une alerte majeure pour l'économie mondiale. Malgré l'augmentation des coûts de fret, la demande de biens reste mesurée, les stocks dans divers secteurs sont élevés, et le fret maritime a accru ses capacités avec de nouveaux porte-conteneurs. L’étude prévient toutefois que si la crise persiste au-delà du premier semestre 2024, les chaînes d'approvisionnement pourraient subir des répercussions bien plus sévères.

Dans un scénario prolongé, un doublement des coûts de fret maritime engendrerait une augmentation de l'inflation mondiale à 5,1% en 2024. Les impacts seraient plus significatifs en Europe et aux États-Unis, avec une perte de croissance du PIB de -0,9% pour l'Europe et -0,6% pour les États-Unis. À l'échelle mondiale, la croissance du PIB serait limitée à 2% cette année.

Concernant le commerce mondial, après les perturbations récentes, les délais de livraison des fournisseurs ont retrouvé une normalité inférieure à la moyenne pré-pandémie. Toutefois, des perturbations prolongées en mer rouge pourraient entraîner une diminution de -1,1 point de la croissance du commerce mondial en volume, limitant sa croissance à 1,9% en 2024.

Prix de l'énergie

Allianz Trade note également que les prix de l'énergie représentent un vecteur clé de propagation de la crise actuelle à l'économie mondiale, en particulier pour l'Europe. Entre le début de la crise en mer rouge et le 22 novembre, le prix du Brent a augmenté de près de 2%, tandis que les prix du gaz naturel en Europe ont connu une hausse de 3,6%.

Cependant, l'étude souligne que la situation n'a pas encore atteint un stade critique. Les prix du pétrole connaissent globalement une tendance à la baisse, la demande étant inférieure à l'offre, et des navires pétroliers continuant de naviguer en mer rouge. Quant au gaz naturel, les réserves européennes restent importantes, et malgré une récente vague de froid, la fin de la saison de chauffage approche, tempérant les inquiétudes.

Le commerce maritime a déjà ressenti les secousses de la crise, avec une baisse de -15% en glissement annuel dans le Canal de Suez et une augmentation de 66% au Cap de Bonne Espérance. Le nombre de navires commerciaux traversant le Canal de Suez a chuté de -30%, et les tankers de -19%. Pendant ce temps, le commerce maritime par le Cap de Bonne Espérance a presque doublé, avec une augmentation de 66% pour les navires commerciaux et de 65% pour les tankers. La situation reste complexe, et les observateurs sont en alerte pour évaluer l'évolution de cette crise maritime aux répercussions potentielles.