Conflit agricole. La tomate déchire l’Espagne et la France
Des scènes de sauvagerie en France où on attaque les camions et on brûle des produits agricoles

Les critiques répétées contre la production agricole espagnole, accusée en France de "concurrence déloyale" par les agriculteurs et une partie de la classe politique, provoquent la colère en Espagne, le Premier ministre Pedro Sánchez appelant à plus de « respect".

Des camions espagnols ont été vandalisés et des marchandises brûlées en France par les agriculteurs en colère. Des scènes de sauvagerie absolue ont été partagées sur les réseaux sociaux. Les déclarations des politiques français n’arrangent pas les choses. 

En attaquant les marchandises espagnoles, les agriculteurs français qui reçoivent plus de 9 milliards d’euros de subventions de l’Union européenne portent atteinte au commerce mondial, aux accords de libre-échange et à l’investissement étranger. Qui oserait investir en France sachant qu’à tout moment des manifestant peuvent dégrader ses installations, lui couper les routes de ses approvisionnements et ses livraisons?

Les scènes qu’on a vues en France, avec des camions qui déversent des déchets devant les préfectures et qui couvrent des supermarchés de rejets liquides d’élevage sont déconcertantes. 

Sur les plateaux télé,  on caresse les agriculteurs dans le sens du poil. « Vous avez goûté les tomates soi-disant bio espagnoles? C'est immangeable!". Tenus sur la chaîne d'information BFMTV, ces propos de l'ex-candidate à la présidentielle et ancienne ministre de l'Environnement française Ségolène Royal ont tourné en boucle jeudi sur les télévisions espagnoles.

"Le bio espagnol est un faux bio. Les fruits et légumes espagnols ne respectent pas les normes françaises", a avancé l'ancienne ministre, reprenant un reproche régulièrement formulé dans les manifestations par les agriculteurs français.

Ces déclarations ont suscité la stupéfaction en Espagne. "Nous ne pouvons pas permettre que des déclarations infondées ruinent tout un secteur", a réagi dans un communiqué l'association professionnelle espagnole de production biologique (Ecovalia), en rappelant que les mêmes règles s'appliquaient en France et en Espagne.

De tels propos sont "inappropriés", surtout de la part d'une personne qui a eu "des responsabilités gouvernementales", a souligné la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera.

Le Parti populaire (PP, droite), principale formation d'opposition, a lui appelé à "défendre la production espagnole".

Interrogé après un sommet européen à Bruxelles, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a ironisé, en estimant que Ségolène Royal n'avait "pas eu la chance de goûter aux tomates espagnoles". "Je l'invite à venir en Espagne (...) et elle verra que la tomate espagnole est imbattable", a-t-il insisté.

Avec AFP