L'Observateur du Maroc et d'Afrique: Quels sont les enjeux actuels liés aux gaz à effet de serre en Afrique ?

Kenza Khomsi: Bien que l'Afrique soit un contributeur relativement limité aux émissions de CO₂ à l'échelle mondiale, le continent abrite des secteurs responsables d'émissions de gaz à effet de serre à durée de vie courte, communément appelés polluants climatiques à courte durée de vie. Ces gaz, bien que moins persistants dans l'atmosphère, ont des répercussions significatives sur le climat, la qualité de l'air, et par extension, sur la santé des populations africaines. La compréhension et la gestion de ces enjeux sont essentielles pour atténuer les impacts négatifs sur l'environnement et la santé publique en Afrique.

Dans quelle mesure le continent est actuellement impacté ?

Selon le rapport d'évaluation du climat et de la qualité de l'air élaboré par la Coalition pour le Climat et l'Air Pur, une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, sans intervention, aura des conséquences significatives sur le climat africain. Cette tendance contribuera à une augmentation de la température moyenne, à une diminution des précipitations, provoquant un réchauffement régional. De plus, la qualité de l'air sera impactée, particulièrement en ce qui concerne la poussière et l'ozone, ayant des répercussions directes sur la santé de la population, étant donné le lien établi entre l'ozone et la santé. Comment cela se manifeste-t-il ? Des études démontrent clairement l'impact, et les modèles prévoient que sans action, ces effets pourraient persister, mais des mesures d'atténuation adéquates pourraient considérablement les limiter.

Quelles actions concrètes à entreprendre pour limiter le risque ?

Selon le même rapport d'évaluation, la réponse réside dans l'adoption de mesures dans cinq secteurs clés : les déchets, l'agriculture, le transport, l'énergie, et le résidentiel. Le rapport identifie 37 mesures spécifiques qui, une fois mises en œuvre, contribueront significativement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, particulièrement celles de courte durée de vie. La réduction des émissions implique inévitablement une diminution de leur impact sur le climat et la santé. En tant que scientifique, il serait inapproprié de prétendre que ces mesures sont suffisantes, car il y a toujours place à l'amélioration. Cependant, il est humain de persévérer dans ces efforts pour atteindre des résultats toujours plus satisfaisants. L'approche spécifique peut varier selon les régions africaines, certaines nécessitant des actions prioritaires dans le domaine de l'énergie, tandis que d'autres doivent se concentrer sur le secteur résidentiel. Le rapport souligne l'importance cruciale de l'action visant à réduire les émissions de black carbon dans le secteur résidentiel, car cela contribuera à diminuer les impacts de ces émissions sur l'environnement et la santé

Comment garantir une transition équitable face aux défis climatiques en Afrique, où les impacts dépassent largement les contributions aux émissions polluantes ?

Lors de notre discussion ce matin concernant les transitions, nous avons souligné que la transition représente le passage d'un état d'équilibre à un autre, sans certitude quant à la justesse de ce nouvel équilibre. Ainsi, je définirais la transition comme un déplacement entre deux états d'équilibre, et il est crucial que ce changement soit équitable. Bien que l'Afrique ait subi de nombreuses épreuves, la science démontre qu'elle a le potentiel de contribuer de manière significative à l"atténuation des effets des changements climatiques. En résumé, la transition est importante, mais la notion de transition juste revêt une importance encore plus cruciale.