Les interprètes de " Kebbi Atay " risquent la prison
La liberté artistique pourrait sauver les interprètes de Kebbi atay des poursuites judiciaires ?

" Kebbi atay", la chanson rap qui fâche. En un mois, le tube récolte des millions de vues et provoque par la même occasion l'ire des défenseurs des droits des enfants. Motif ? Attentat aux moeurs et incitation au viol de mineures.

Depuis son lancement, il y à peine un mois," Kebbi Atay " a eu l'effet d'un pavé dans la marre. Signée par le duo marocain Youss 45 et Men Grave, cette chanson rap est un " succès " à en juger ses 8 millions 370.856 vues enregistrées en moins d'un mois. Pourtant, le tube est au coeur d'une grande polémique.

" Je me balade avec la meuf, sexe gratuit et à gogo, les mineures qui en veulent y en a que ça, elles aiment se faire prendre par..., il suffit d'avoir le bon moteur ", c'est un échantillon des paroles explicitement sexuelles de " Kebbi atay ". Gestuelle à l'appui, les deux rappeurs s'y donnent à coeur joie dans le clip diffusé sur les différentes chaînes youtube et largement partagé sur les réseaux sociaux. Ses paroles sont rapidement devenues matière à trolls, gags et autres mems lubriques à volonté.

"Chanson empoisonnée"

"Une chanson empoisonnée truffée d'idées et d'intentions malsaines. C'est une incitation franche à l'exploitation sexuelle et au viol des mineures", s'insurge Nabil Wezzaâ, le secrétaire général de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme et de la lutte contre la corruption, dans une lettre ouverte adressée à El Hassan Daki, procureur général du Roi près la Cour de cassation et Président du ministère public et à Abdellatif Hammouchi, Directeur général de la Sûreté nationale et de la Surveillance du territoire.

Un appel à activer la loi

Appelant les deux respondables à intervenir en urgence, l'Organisation qualifie la chanson de "crime". " Cette chanson ne respecte ni éthique, ni moeurs ni loi. Loin d'être une oeuvre artistique, c'est une invitation franche avec des termes clairs à la débauche et au viol des filles ", déplore Wezzaâ en réclamant l'application de la loi contre les auteurs de "cette chanson scandaleuse".

Objet de plainte

Passant à la vitesse supérieure, l'association " Mat9ich Weldi" a annoncé dans un communiqué sa détermination à poursuivre les chanteurs de "Kebbi atay" en justice. " Alors que la société civile et les autres composantes de la société marocaine tentent de se rétablir des séquelles et des retombées désastreuses de la pédophilie et de l'exploitation sexuelle des enfants et des mineurs, nous y voilà avec ce type de chansons au contenu toxique et envoyant des messages dangereux aux jeunes et au moins jeunes ", fustige la présidente de Mat9ich weldi Najat Anouar.

Non à la banalisation de l'exploitation sexuelle des mineures

Accusant à son tour les auteurs de la chanson d'encourager les abus sexuels et d'inciter au viol des mineures, l'association condamne " la banalisation de ce genre de discours " dans la musique, sur les réseaux sociaux et par extension dans la rue. " L'Organisation promet de faire le nécessaire pour lutter contre toute tentative d'atteinte à l'intégrité physique et morale des enfants et des mineurs. Nous allons porter plainte auprès des autorités. Nous appelons tout citoyen, toute personne se souciant de la sécurité et du bien être des enfants à dénoncer toute publication, vidéo ou chanson au contenu menaçant l'innocence de nos enfants ", conclut Anouar.

La défense 

De leur côté, les deux interprètes de "Kebbi atay" ont récement fait une sortie sur Youtube pour s'exprimer à propos de la polémique provoquée par leur chanson. Niant la portée sexuelle de leurs paroles, ils ont affirmé leur " bonne foi". D'après Youss 45 et Men Grave, " les gens ont tout simplement mal interprété leurs paroles complètement innocentes ".  Pour eux, leur chanson n'a fait que décrire la réalité des jeunes d'aujourd"hui. Stratégie de défense face aux attaques de leurs détracteurs ou simple tentative pour échapper aux éventuelles poursuites judiciaires ? Affaire à suivre !