Que faire avec un Poutine plus fort que jamais?
Russian President and presidential candidate Vladimir Putin meets with the media at his campaign headquarters in Moscow on March 18, 2024. (Photo by NATALIA KOLESNIKOVA / POOL / AFP)

Vladimir Poutine a été réélu avec un score des plus confortables (87%) et un taux de participation très significatif, 75%. On peut en conclure que le peuple russe plébiscite la politique aussi bien nationale qu’internationale du président. On croyait Vladimir Poutine sur le déclin, il montre bien que non et qu’il dispose d’une légitimité encore plus grande. Pourtant, il y a un moment où le monde le croyait en difficulté et pariait, avec le sourire, sur sa chute. Il n’a pas chuté.

« Il y a deux ans, Poutine semblait complètement acculé. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas.», disait le chercheur à l’institut allemand des affaires internationales Nikolaï Petrov, il y a juste un mois, sur les colonnes du quotidien français Libération, c’est-à-dire bien avant les élections qui ont donné raison au président russe.  

Le chercheur expliquait:«ce qui, il y a deux ans, ressemblait à une folie totale et à une erreur d’une ampleur étonnante, donne aujourd’hui l’impression que Poutine infléchit la situation en sa faveur, grâce à ses qualités de judoka, qui, s’il ne peut pas gagner tout de suite, travaille sur des techniques douloureuses ». 

Par ailleurs  sur le plan économique la situation des Russes n’a pas été impactée par la guerre en Ukraine malgré les sanctions dures infligées par les Etats-Unis, leurs alliés et l’Europe.

En effet, selon le Fonds monétaire international (FMI), le chômage se maintient à un niveau faible et la croissance devrait atteindre 2,6 % cette année. C’est deux fois les prévisions initiales.

Sur le front militaire, la Russie peut compter sur sa propre industrie. Lorsque V. Poutine a visité l’usine Uralvagonzavod à Nijni Taguil, le mois dernier, c’était surtout pour montrer que l’outil industriel a la capacité de soutenir une guerre de longue durée.

L’accélération de la production militaire a dépassé de loin les estimations occidentales. Derrière, il y a un budget énorme, 62 milliards d’euros en 2023 et on attend 106 milliards en 2024, soit 30% du budget fédéral et 6% du PIB. La guerre s’est avérée être une opportunité industrielle, avec des milliers d’emplois et des commandes aux différents secteurs de la sous traitance. 

Vladimir Poutine semble donc plus fort aussi bien en interne que sur la scène internationale. Il montre qu’il est imbattable sur le terrain militaire et qu’on ne peut rien lui imposer de l’extérieur vu qu’il est en situation de force. Et encore, il n’a fait qu’effleurer l’épineuse question de l’arme nucléaire. 

Quelle sera le prochain mouvement de l’Occident? Il est peut-être temps de penser à négocier.