France d'outre-mer. Rien ne va plus en Nouvelle Calédonie.
21 mai, les routes sont toujours bloquées, (PhotoAFP)

La situation reste très tendue lundi en Nouvelle-Calédonie, où la fermeture de l'aéroport a été prolongée alors que le territoire est toujours en proie aux blocages malgré les moyens massifs engagés par l'Etat français pour rétablir l’ordre.

Lundi matin, les barrages érigés par des indépendantistes semblaient plus nombreux et plus imposants encore, comme entre les quartiers de Montagne coupée et Montravel à Nouméa, où deux étages de voitures calcinées barrent désormais les rues. Des hommes, aux visages dissimulés derrière des foulards et équipés de barres de fer, y occupaient la route.

Signe des difficultés à reprendre la situation en main, l'aéroport international restera fermé aux vols commerciaux au moins jusqu'à jeudi 09h00 (22h00 GMT), malgré les demandes répétées de l'Australie et la Nouvelle-Zélande de pouvoir évacuer leurs ressortissants.

Malgré une opération lancée dimanche avec 600 gendarmes, la route menant de Nouméa à son aéroport, bloquée à de nombreux endroits par des militants indépendantistes, n'est toujours pas accessible aux habitants. Peu après le passage des gendarmes, une grande partie des "76 barrages neutralisés" avaient aussitôt été réinstallés par les indépendantistes.

Le Grand Nouméa semble à l'arrêt, marqué par les stigmates des affrontements, strié de barrages et de check-points improvisés, ralenti par les carcasses de voitures brûlées, les amoncellements de ferraille et de bois et le bitume fondu, ont constaté les journalistes de l’AFP.

La chambre de commerce et d'industrie (CCI) a appelé lundi à "préserver le peu qu'il reste" de l'économie, évoquant des "conséquences" économiques et sociales "déjà catastrophiques" avec 150 entreprises "pillées et incendiées".

Aucune issue à la crise sécuritaire et politique que vit l'archipel français du Pacifique sud (270.000 habitants) ne se dessine dans l'immédiat, après six morts et une semaine d'émeutes en réaction à une réforme du corps électoral contestée par les indépendantistes.

De la gauche à l'extrême droite en passant par la majorité, les voix se font chaque jour plus nombreuses pour réclamer un report du projet de loi constitutionnelle lié à la réforme, qui doit être adopté en Congrès avant fin juin.

Quatre présidents d'exécutifs d'outre-mer (la Réunion dans l'océan Indien, les îles antillaises de Guadeloupe et Martinique, la Guyane en Amérique du Sud) réclament même son "retrait immédiat", afin d'"éviter une guerre civile".

Sonia Lagarde, la maire macroniste de Nouméa, a appelé lundi dans le journal Le Monde le président français à surseoir à cette réforme, accusée par les indépendantistes de "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak" en élargissant le corps électoral des scrutins provinciaux.

Avec AFP