Législatives. La France ingouvernable
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Aucun parti, aucune alliance n’a obtenu de majorité claire pour gouverner à l’issue d’un scrutin très chaud dans lequel le Rassemblement national était favorisé puisqu’il était arrivé en tête au premier tour.

Les Français ont voté et ce n’est pas une bonne nouvelle pour le groupe macroniste, crédité de 152 à 169 députés. Il aurait perdu entre 80 et 100 sièges. Mais le pari de la dissolution lancé par Emmanuel Macron il y a un mois, au soir d'une lourde défaite aux européennes (14,6%), aurait pu se solder par une déroute bien plus importante.

C’est l'alliance de gauche du Nouveau Front populaire est sortie en tête du deuxième tour des élections législatives dimanche, devant le Rassemblement national et les macronistes, selon des premières estimations qui ne dégagent aucune majorité pour former un gouvernement.

Le succès du "front républicain", bâti entre les deux tours de ce scrutin pour limiter la vague du Rassemblement National semble avoir porté ses fruits. Il faut dire que le NFP a bénéficié de 210 désistements de candidats du camp présidentiel ou de gauche.

Le RN gagne de nouveaux sièges, avec 134 à 152 députés, contre 89 en juin 2022, soit "la percée la plus importante de toute son histoire", a revendiqué Jordan Bardella, le président du RN. Mais Matignon reste loin. Une majorité absolue aurait pu ouvrir la voie à la conquête du pouvoir pour Marine Le Pen en vue de la présidentielle de 2027.  A comparer les scores des partis, abstraction faite des alliances, le RN reste le premier parti de France.

Pour le président du RN, "l'alliance du déshonneur et les arrangements électoraux dangereux passés par Emmanuel Macron et Gabriel Attal (son premier ministre) avec les formations d'extrême gauche privent ce soir les Français d'une politique de redressement ». 

Maintenant la question dont la réponse est attendue par tous les Français est de savoir qui pourra gouverner. Selon les chiffres personne. Aucun des trois blocs n’a la majorité. A moins de revirements extraordinaires de dernière minute, on ne voit pas comment les uns et les autres pourront gouverner avec des majorités relatives et donc très fragiles. 

A gauche on veut y aller quand même. Selon Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, "le rôle du Nouveau Front populaire et en son coeur" du PS serait de "refonder un projet collectif pour notre pays ». Problème le NFP n’a pas de majorité et pour gouverner il doit constituer des alliances.

Autre problème, Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, est catégorique, "aucun subterfuge, arrangement ou combinaison ne serait acceptable ». Il refuse "d'entrer dans des négociations" avec le parti présidentiel. 

Toutefois, Matignon n’est pas accessible non plus pour le NFP. Il est le fruit d’une alliance hétérogène allant de LFI de Mélenchon, à Place publique, le mouvement de Raphaël Glucksmann à laquelle il faut ajouter deux événements qui vont peser dans la balance, le retour à l'Assemblée de l'ancien président François Hollande, et la réélection de François Ruffin en rupture de ban avec Jean-Luc Mélenchon, beaucoup de questions restent en suspens sur les rapports de force à gauche.

C’est la guerre dans la guerre entre des modérés et des extrémistes dont le programme économique fait peur aussi bien aux électeurs du groupe macroniste qu’à ceux du Rassemblement National. 

Quoi qu’il en soit, ce qui est certain c’est qu’une majorité doit être constituée pour pouvoir gouverner. Autrement, il faudra attendre toute une année explosive  pour une autre dissolution et d’autres élections anticipées.  

Avec AFP