Hausse des prix du lait, justifiée ou pas?

CONSOMMATION: La polémique enfle autour de la récente augmentation du prix du lait. Si pour les consuméristes, une telle décision reste injustifiée, les industriels ont un tout autre avis. Le gouvernement vient d’entrer en ligne en décidant de saisir le Conseil de la concurrence...

L’augmentation des prix du lait provoque des remous. Deux raisons la justifient, selon Centrale laitière. La première est la valorisation du prix payé aux éleveurs, et la seconde est liée au contexte économique difficile », explique le service communication de l’entreprise. M’hamed Loultiti, président de Copag, coopérative qui produit la marque Jaouda, explique à son tour que l’augmentation des prix du lait est « un choix forcé ». Les associations de consommateurs ne décolèrent pas.

Elles estiment que la récente hausse des prix du lait quasi-simultanée viole l’article 6 de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence. La Fédération marocaine des droits des consommateurs (FMDC) n’est pas restée les bras croisés. L’organisation a usé de tous les moyens pour faire réagir le gouvernement. Il en est de même pour la Fédération des associations des consommateurs au Maroc. « Nous avons envoyé des courriers à la fois pour le chef du gouvernement, le ministère des Affaires économiques et sociales et le Conseil de la concurrence », précise Ouadi Madih, son secrétaire général. Et d’ajouter : « Malheureusement, nous ne pouvons intenter une action en justice car nous n’avons pas de droit en tant que Fédération puisque notre organisation n’est pas encore reconnue d’utilité publique.Nos mains sont donc liées ».

Néanmoins, une étude a été déjà entamée par cette Fédération. Il en ressort que l’augmentation est « injustifiée ». Explication de Ouadi Madih : «L’augmentation des prix des intrants est évoquée parce qu’elle découle de l’obligation pour les sociétés qui collectent le lait le déboursement de 20 centimes de plus à l’éleveur». Mais pourquoi c’est le consommateur final qui doit payer ? . «Le secrétaire général trouve la décision d’autant plus insensée qu’il s’agit d’un secteur subventionné par l’Etat ». Pour lui, si Copag a décidé d’augmenter à son tour le prix, c’est juste pour s’aligner à la concurrence. Madih va encore plus loin : « Dans le cas normal, la concurrence c’est la guerre des prix. Il aurait été préférable à Copag de rester sur le même prix pour gagner plus de parts de marché ». Sa conclusion : « Les raisons évoquées par les parties concernées ne tiennent pas la route ». L’augmentation controversée a été perçue par nombre de consommateurs comme un prélude à une série noire de flambées des prix de produits de consommation.

 

 

Déjà cette semaine, les industriels du secteur de volaille notamment, et à la base les producteurs de fourrage de volaille, ont décidé de revoir leurs prix à la hausse. Certaines indiscrétions laisseraient entendre que la décision a été prise d’un commun accord entre tous les professionnels de la filière, partout dans les agrorégions du Royaume. D’après certaines sources, ce revirement est dû à l’inflation du coût de revient pour les professionnels concernés, suite à la hausse des prix de fourrage. Sauf qu’une fièvre des prix pour des matières de grande consommation, comme le lait et la volaille, suscite des interrogations à l’heure où le pays a le plus besoin de paix sociale. Surtout que certains observateurs estiment que les prix de base des volailles ne tiendraient pas compte des variations normales des prix du marché, suivant l’offre et la demande et l’état des disponibilités saisonnières. Des voix se sont d’ailleurs élevées sur les réseaux sociaux décriant les hausses et appelant même au boycott de tout produit qui subit ou subira une augmentation.

Ces mêmes voix renvoient la responsabilité de ces hausses au gouvernement. Le gouvernement sort de sa réserve Sur les colonnes du quotidien Attajdid, Najib Boulif a tenté de clamer les esprits. Il a précisé que les hausses décidées par les coopératives doivent être soumises à une procédure régie par la loi sur la liberté des prix et de la concurrence. Il a promis par la même occasion que le gouvernement allait intervenir auprès aussi bien de la première société à appliquer cette hausse qu’auprès des coopératives qui ont pris par la suite une décision similaire. Par la suite, le département de Boulif a publié un communiqué expliquant qu’il s’agit là « d’augmentation unilatérale décidée par les producteurs de lait ». La décision de saisir le Conseil de la concurrence a été prise, selon le même communiqué, à la suite d’une réunion tenue lundi 2 septembre à Rabat entre Boulif et les représentants des principales coopératives et producteurs de lait. La rencontre a été entièrement consacrée à la discussion de ces augmentations.

Le communiqué rapporte les doléances et raisons avancées par les producteurs pour justifier la hausse. Ces derniers ont mis en avant la hausse des coûts de production en général, la hausse des intrants comme l’aliment de bétail… A l’issu de ces débats, selon le département des Affaires générales, il a été constaté qu’un grand nombre de coopératives de différentes régions du royaume n’ont pas procédé à ces augmentations et ont maintenu inchangés leurs prix de vente au public. Plus encore, certains présidents de coopératives ont même dénoncé ce qu’ils ont considéré comme un abus puisque ces augmentations décidées de manière unilatérale par certains producteurs. Entente sur les prix ou pas, cette affaire est à suivre avec grande attention ! free translation greek to english