BAM réitère ses prévisions

CONJONCTURE Bank Al Maghrib maintient son taux directeur et ses prévisions en matière de croissance économique. La Banque a, en outre, passé en revue le nouveau système d’indexation sur les prix des carburants, estimant que, non seulement cela permettrait de dégager des grosses économies, mais aussi, son impact sur l’inflation serait minime.

Le gouvernement devrait être en mesure de tenir son engagement d’une réduction du déficit à 5,5% du PIB à fin 2013, contre 7,3% l'an dernier », a affirmé le gouverneur de la Banque, Abdellatif Jouahri, lors d’une conférence de presse, mardi 24 septembre, à l’issue de la réunion trimestrielle du Conseil de la Banque. La Banque centrale explique toutefois que, pour atteindre cet objectif, la tendance d’évolution actuelle du déficit, devrait se maintenir jusqu’en fin d’année. A fin août 2013, en effet, les recettes ordinaires ont affiché une légère progression de 0,4% recouvrant une augmentation de 18,5% des rentrées non fiscales et une baisse de 1,6% des recettes fiscales. Mais parallèlement, les dépenses globales ont enregistré une hausse de 1,2%, malgré le repli de 19% des charges de compensation. Cela a permis d’obtenir un déficit de 39,4 milliards de dirhams au terme du huitième mois de l’année, contre 34,2 milliards de dirhams à la même période l’an dernier.

Ainsi, la Banque centrale maintient la prévision de son taux directeur à 3% du PIB, estimant que cela s’explique par le « contexte caractérisé par une balance des risques légèrement orientée à la hausse et une prévision centrale de l’inflation qui demeure en ligne avec l’objectif de stabilité des prix à moyen terme ». Par ailleurs, sur le volet de la croissance économique, les prévisions de BAM restent inchangées. La Banque parle d’une croissance entre 4,5 et 5,5% en raison d‘une bonne campagne agricole cette année. Tendance confirmée par le HCP qui d’après lui, le taux de croissance du troisième trimestre de l’année s’élève à 3,8%. «Cette croissance résulte du bon comportement du secteur agricole qui a affiché une progression de 17,7% au lieu d’une baisse de 8,3% au même trimestre de l’année précédente », peut-on lire sur la note de conjoncture publiée récemment par la direction du trésor et des finances extérieures.

Au niveau des échanges extérieurs, le déficit de la balance selon le HCP est revenu à 114 MMDH à fin juillet 2013 contre 119,4 MMDH un an auparavant soit un allègement de 5,4MMDH ou 4,5%. Si pour certains économistes, c’est un bon signe de décollage de l’économie nationale, le centre marocain de conjoncture voit tout autre. D’après le CMC, les vicissitudes qui ont caractérisé les années 2011 et 2012 s’annoncent difficiles pour 2013. En effet, la détérioration se prolonge au cours du premier semestre de 2013, accentuée en cela par les répercussions des perturbations qui se produisent chez les partenaires du Maroc et qui sont transmises, avec un effet retard et parfois accompagnées d’amplifications, à travers les canaux du commerce extérieur. Solution ? le CMC préconise de repenser sa stratégie, en mettant l’accent sur la diversification sectorielle de son tissu productif, en élargissant la part des branches à hautes valeurs ajoutées et de technologie avancée, tout en renforçant la prospection de nouveaux marchés. Un engagement urgent et profond de la politique gouvernementale est plus que jamais attendu pour favoriser l’attrait des investissements, facteur déterminant de la croissance.

L’indexation, source d’économie

Le Conseil de BAM s’est également penché sur le nouveau système d’indexation partielle des prix des carburants récemment adopté par le gouvernement. D'après Jouahri, cette décision permettra d'économiser jusqu'à 1,6 milliard de dirhams cette année, et 7 milliards de dirhams en 2014. En outre, après analyse des répercussions de ce système ainsi que des mesures annoncées par le gouvernement, la Banque centrale estime que son impact sur l’inflation (prévue à 2,2% en 2013) serait minime : de 0,2 à 0,3%. A noter que les dépenses de la Caisse de compensation semblent évoluer à un bon rythme. La réforme de cette Caisse – tant attendue - devrait tenir compte de tous ces paramètres, puisque le système d’indexation vise à l’alléger. Le CMC tire la sonnette d’alarme. En fait, l’équilibre tout aussi fragile que factice, entretenu par une caisse de compensation, fortement mise à mal par le renchérissement, sur le marché international, des produits subventionnés, a atteint le point de rupture. La réforme de la Caisse a exploré de nombreuses solutions techniques, pour réduire progressivement le soutien aux produits de base. La plupart de ces mécanismes s’avèrent d’application peu réaliste.