MERCREDI VILLACOUBLAY: Regroupement familial
Vincent HERVOUET

La libération des otages et leur retour à la maison est une série télévisée qui fait partie intégrante du folklore français. Deux ministres sont allés chercher au Niger les quatre employés d’Areva et de Vinci kidnappés il y a plus de trois ans près de la mine d’Arlit. Le ministre des Affaires étrangères et celui de la Défense ont joué les avions taxi. Le Président de la République en personne est au pied de l’échelle de coupée pour faire le steward et sa compagne, l’hôtesse d’accueil. On ne verrait cela nulle part ailleurs. Les familles s’étreignent, les caméras tournent et les héros de la fête tentent de payer leur dette à la collectivité en faisant bonne figure. On peut se moquer de ce théâtre d’ombres, sa répétition rituelle prouve qu’il répond à un besoin.

La fraternité qui se met en scène ? La solidarité de la nation ? La République qui se doit de protéger ses enfants? Depuis le Liban dans les années 80, tout Français kidnappé l’a été à cause de sa nationalité. Il est la victime expiatoire d’une politique étrangère qui n’aurait pas abdiqué ses valeurs. Les questions sur d’éventuelles rançons, les interrogations sur le rôle des intermédiaires sont donc des questions un peu indécentes et qui restent sans réponse. Tout comme le bénéfice politique que le gouvernement attend de cette bonne nouvelle. François Hollande peut remercier le ciel : depuis hier soir, on ne parle plus de l’écotaxe ou de Léonarda, les deux derniers boulets de l’exécutif. Mais le retour des quatre Français ne lui fera pas gagner un point dans les sondages.